Dans un article de Benjamin SEZE, OUEST France du 18 aout annonce- t il la fin des maisons de retraite ? Des chercheurs mettent au point un dispositif technologique pour le maintien des personnes âgées chez elles. « Il est 7 h, à la résidence Notre-Dame, à Grenoble. Yvette se lève. Direction la cuisine, pour un petit-déjeuner en feuilletant quelques revues. Dans une heure, elle quittera son appartement pour faire le marché. Retour prévu vers 11 h. Après le déjeuner, elle fera une sieste puis regardera une émission à la télévision. Suivra une courte visite à ses amies, avant le dîner. Ce soir, Yvette compte se coucher tôt pour bouquiner au lit. Extinction des feux prévue vers 23 h.
Une journée comme une autre… passée sous l’oeil de capteurs infrarouges. Fixés aux murs, en hauteur, huit petits boîtiers blancs détectent ses faits et gestes, jour et nuit. Depuis quatre ans, cette octogénaire participe comme « cobaye » au projet d’appartement intelligent, baptisé Ailisa. Il est mené par le laboratoire grenoblois TIMC-IMAG, en partenariat avec l’hôpital Charles-Foix d’Ivry-sur-Seine et le CHU de Toulouse. Temps passé dans chaque pièce Une fois les mouvements d’Yvette enregistrés par les capteurs, ils sont communiqués à un ordinateur installé chez elle. Un logiciel stocke les informations, les analyse, puis les transmet par mail au laboratoire. Les informaticiens peuvent ainsi en déduire les rythmes d’activité de la personne. « Nous mesurons la répartition du temps passé dans chaque pièce, la mobilité de la personne, son agitation éventuelle, les trajets récurrents », liste le professeur Norbert Noury, un des deux chefs de l’équipe grenobloise. Idée phare du projet : favoriser le maintien à domicile des personnes fragiles et dépendantes.
« Selon l’Insee, un tiers de la population aura plus de 65 ans en 2040, avance Norbert Noury. Or, à partir de 85 ans, le risque de pathologies physiques et psychologiques s’accroît fortement. Il n’y aura pas de place pour tout le monde dans les institutions spécialisées. » Ce dispositif permettrait de détecter des complications cardio-vasculaires « si les déplacements de la personne se font plus rares et ses mouvements plus lents ». Il détecterait aussi une perte d’équilibre, « à l’aide d’un pèse-personne relié à l’ordinateur, mesurant le placement de ses pieds », ou un début de Alzheimer « si on observe que la personne saute des repas, ou ne les prend pas aux bonnes heures ». Pas de caméra Les chercheurs souhaitent aussi développer une assistance humaine : « Un système d’alerte qui préviendrait, en cas de problème, un voisin ou un médecin, explique le Dr Pierre Rumeau, du CHU de Toulouse. Si la personne chute et reste anormalement immobile dans un endroit donné, comme les WC, les capteurs vont le détecter et l’alerte va être donnée au bout de vingt minutes. » « Le but de ce dispositif n’est pas de remplacer l’humain – aides à domicile, infirmières -, rappelle Joël Belmin, de l’hôpital Charles-Foix. Mais d’apporter une sécurité supplémentaire. » Pourquoi ne pas directement installer des caméras ? « On essaie d’être le moins intrusif possible. Le dispositif ne doit pas être un facteur de stress pour la personne, répond Norbert Noury. Il faut aussi qu’il soit financièrement accessible. Des caméras coûteraient trop cher. Et puis, il y a l’aspect éthique du respect de l’intimité. » Pour répondre aux critères de la Commission nationale de l’éthique et des libertés, le projet Ailisa a des garde-fous. « Les données sont anonymes et ne sortent pas du laboratoire. Elles sont cryptées pendant le transfert. Seul un médecin pourra les lire », précise le professeur Noury . Que faut il en penser ?
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