Dès le 23 janvier je commentais ici en ces termes le discours du 22 janvier de Sarkozy sur la recherche : « La recherche, l’enseignement supérieur et le développement technologique incarnent une priorité absolue. Pas une priorité pour les discours officiels, mais une priorité dans les actes, car c'est à l'aune de ceux-ci qu'on juge de l’authenticité de ceux-là. », et je titrais : « Innovation : encore un discours ! »
Je n’avais pas apprécié ce discours mais je n’en avais pas mesuré la portée, à ce point négative. Je n’avais pas mesuré combien ce discours serait une humiliation pour le monde des chercheurs avec les conséquences qu’on en voit aujourd’hui. Quelques extraits vous le feront comprendre :
«….Franchement, la recherche sans évaluation, cela pose un problème. D’ailleurs toute activité sans évaluation pose un problème….. Ecoutez, c’est consternant mais ce sera la première fois qu’une telle évaluation sera conduite dans nos universités, (la première , 2009, franchement, ajoutait il à l’oral)… » Quelle méconnaissance !
« Nulle part dans les grands pays, sauf chez nous, on n’observe que des organismes de recherche sont à la fois opérateurs et agences de moyens à la fois, acteurs et évaluateurs de leur propre action. Je vois que cela peut être confortable. Je pourrais en tirer quelques conclusions pour moi-même. C'est un système assez génial d'ailleurs, celui qui agit est en même temps celui qui s'évalue. ….. » On croit rêver !
« Certes nos meilleurs chercheurs obtiennent des récompenses prestigieuses …. Mais ces admirables chercheurs et ces points forts – j'ose le dire -ne sont-ils pas l’arbre qui cache la forêt ? Ne servent-ils pas parfois d’alibi aux conservateurs de tous poils, que l'on trouve à droite en nombre certain et à gauche en nombres innombrables. Je dis innombrables à gauche car ils sont plus nombreux….. » Mais nos Prix Nobel ne partagent pas du tout ses propos !
« A budget comparable, un chercheur français publie de 30 à 50% en moins qu’un chercheur britannique dans certains secteurs. Évidemment, si l'on ne veut pas voir cela, je vous remercie d'être venu, il y a de la lumière, c'est chauffé…… » pour finir !
Avec de tels propos on comprend mieux le fossé qui s’est installé entre lui et le monde la recherche. Les propos qu’avait tenu Sarkozy sur « La princesse de Clèves » avaient déjà « étonné » !
En ne voyant dans la
recherche qu'une organisation désastreuse », qu’un système "infantilisant et paralysant",que des
chercheurs fainéants et jamais évalués, Sarkozy tue la confiance et sans
confiance pas de dialogue. On peut réformer, et il le faut, mais il ne faut pas
humilier. A travers ces propos, Sarkozy montre « sa » perception de
la recherche, des chercheurs et des universités. Avec cela, la crise
actuelle risque hélas d’être durable et profonde !
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