Fév 01

Le vote des fonctionnaires : contre Sarkozy, ou Ni-Ni ?

 

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La fonction publique est multiple et fragmentée en divers emplois, statuts et métiers. Cette diversité existe-t-elle aussi en termes de comportements électoraux ? C’est ce que tente de comprendre une récente étude du CEVIPOF.

L’ensemble des agents publics en France est de l’ordre de 5 millions, soit environ 12% de tout l’électorat. Ce poids électoral est amplifié par le rôle qu’ils jouent auprès des usagers au quotidien et par l’enjeu politique que l’avenir de la fonction publique représente depuis 2007.

Les suppressions de postes (moins 150000 entre 2007 et 2012, le gel des salaires, les fusions de services, les difficultés quotidiennes des agents les plus exposés aux usagers mais aussi la volonté affichée du gouvernement de « managérialiser » un monde très corporatif mais aussi très égalitaire ont créé une situation de forte tension et de blocage de tout dialogue social. Le tropisme de gauche de la fonction publique ne concerne vraiment que les enseignants et les cadres.

En 2012, La forte proportion de « ni-ni » chez les fonctionnaires de rang modeste, à l’image de celle que l’on observe chez les employés et les ouvriers du privé, laisse penser


que la proportion de votes pour l’extrême-droite sera importante. De fait, si l’élection ne voyait voter que les seuls agents du secteur public, François Hollande affronterait Marine Le Pen au second tour. Quelle que soient les variations du vote des fonctionnaires au premier tour de l’élection présidentielle, il demeure qu’il reste dans son ensemble orienté contre Nicolas Sarkozy.

Dans le même temps, le vote en faveur de Nicolas Sarkozy baisse seulement de 23% à 19% chez les cadres alors qu’il augmente chez les enseignants, passant de 15% à 16%. En fait, Nicolas Sarkozy perd du terrain chez les fonctionnaires les moins diplômés, passant de 26% à 20% chez les employés du public et de 37% à 27% chez les policiers et les militaires.

 La proximité n’est pas la seule dimension du choix. Car les cadres du public, comme les employés, ne sont que 55% à préférer François Hollande pour lutter contre la crise économique ou réduire les déficits. Et l’on remarque même que 55% de ces agents publics préfèrent Nicolas Sarkozy « lorsqu’il faut prendre des décisions difficiles ». La clé de la campagne est sans doute là.

Si elle s’organise sur le registre de la normalité politique, dans le cadre de laquelle on débat tranquillement des politiques publiques et des choix budgétaires, François Hollande obtiendra le plus large soutien des salariés et notamment des fonctionnaires. Mais si elle s’inscrit sur le registre d’une crise aiguë, exceptionnelle, Nicolas Sarkozy reprendra un avantage important.

Au final du second tour, cependant, les intentions de vote sont sans appel dans l’hypothèse d’un duel entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. Le second obtiendrait 58% chez les cadres du public et le premier 28%. De même, 67% des enseignants voteraient pour le candidat du PS contre 22% pour celui de l’UMP. Cette hypothèse déplaît cependant fortement aux employés du public comme aux policiers et aux militaires qui se réfugieraient dans l’abstention à hauteur de 21% pour les premiers et de 43% pour les seconds, ce qui vient bien confirmer l’attente impatiente de candidats extrémistes chez les moins diplômés.

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