La décentralisation a permis depuis trente ans de rapprocher la prise de décisions des citoyens. La gestion des bâtiments lycées s’est par exemple beaucoup améliorée depuis que les régions en ont eu la responsabilité.
Et pourtant on entend parler aujourd’hui de façon quasi permanente au niveau des structures publiques de fusion, de rapprochement, de volonté d’avoir des plus grosses structures : fusion de collectivités locales, fusion de tribunaux, fusion d’hôpitaux, fusion de laboratoires, fusion d’université…
On voudrait ne plus avoir que 8 ou 10 régions à l’image de l’Allemagne oubliant de voir que les Länder sont surtout grands par leurs compétences, leurs financements plus que par leur taille. Cette facette de la pensée unique mérite que l’on y regarde de plus prêt, car ne revient elle pas sur l’essence même de la décentralisation.
Les justifications à la croissance de la taille des structures tournent autour de deux idées : on ferait des économies, et on serait plus visible !
Sur les économies budgétaires ceci reste à démontrer si on veut bien intégrer les couts induits par ces processus, les couts d’organisation qui croissent aussi avec la taille, les couts liés à la lourdeur des processus de décision, d’évaluation et de contrôle de l’action publique. Quant à la visibilité, tout dépend de qui on veut être visible. En poussant par l’absurde une seule université, une seule collectivité, un seul hôpital …permettrait d’éviter les doublons, et de faire des économies : on voit la les limites d’un tel raisonnement !! Le nombre des publications augmente de façon strictement proportionnelle avec le nombre de chercheurs mais ceci ne permet pas d’établir un lien entre taille et qualité de la recherche !
On pourrait à l’inverse dire que la grande structure éloigne : elle est moins efficace car moins réactive, elle est moins innovante car plus bureaucratique.
La croissance de la taille si elle n’est pas liée à un marché est souvent liée à deux aspects : la finance et le pouvoir de ceux qui la dirige. Elle est rarement justifiée par l’aspect humain ou la qualité de l’organisation et des services rendus. Avec la logique des marchés publics, la grande structure ne soutient plus les plus petites entreprises.
A l’inverse la petite taille touche très vite ses limites en termes de compétence ou de niveau d’activité. Elle implique nécessairement une logique de réseau, de partenariat, de mutualisation. Mais le contrat entre acteurs n’est il pas un lien plus fort, plus flexible, plus innovant que la rigidité de la grande structure.
Sans reprendre le slogan « small is beautiful », prenons garde à l’obésité ! La taille n’est pas une fin en soi, elle est le support à un projet, et c’est celui-ci qui définira la taille « optimale » !
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