Les annonces sur le site PSA d’Aulnay relancent évidemment les réflexions sur le devenir des sites de l’industrie automobile. 60 collectivités territoriales réunies sous l’entité "ACSIA" (Association des Collectivités Sites d’Industrie Automobile) viennent de publier un livre blanc intitulé "Enrayer le Déclin du Site automobile en France".
Ces élus souhaitent, entre autres mesures, une implication importante de l’Etat dans l'avenir automobile français. En effet, malgré l’émergence – à l’issue des États Généraux de l’Automobile en 2009 – d’outils de surveillance (PFA: Plateforme de la Filière Automobile, FMEA: Fonds de Modernisation des Équipementiers Automobiles et CSFA: Comité Stratégique de Filière Automobile), l’ACSIA regrette que les collectivités territoriales où les usines automobiles sont implantées soient trop tenues à l’écart des décisions des constructeurs. Ces derniers se raccrocheraient trop souvent à la devise "seules les entreprises savent ce qui est bon pour l’industrie". Les syndicats étant officieusement considérés comme des relais.
L’ACSIA compte "restaurer la responsabilité d’un État redevenu stratège et fédérateur" et ne plus "réduire la politique de la filière automobile à l’organisation de clubs d’industriels". La place du politique, qualifiée de "trop discrète" dans le livre blanc (60 pages), serait la suite logique "d’un défaut de moyens" et d’une "perte d’expertise" des services du Ministère de l’Industrie.
L’ACSIA critique aussi la vision actuelle considérant "l’accès aux segments 'haut de gamme' comme la seule condition de réussite industrielle et (donc) économique". En effet, le marché automobile, logique, atteste que les voitures qui se vendent le plus ne sont pas les grosses berlines et routière puissantes, mais les "petites", économiques et plus efficientes. Mais c’est aussi le segment le moins rentable malgré la délocalisation et une fabrication voulue à bas coûts. L’ACSIA constate que l’Allemagne rentabilise son industrie haut de gamme, locale, sur des volumes de ventes nettement moins importants.
En "déplorant une offre française insuffisante", l’ACSIA songe à deux mesures :
-Rendre le marché français plus clairement hostile (fiscalement en particulier) aux véhicules gros émetteurs de carbone et encombrants est une première réponse dissuasive que les exigences du développement durable permettent de rendre politiquement correcte ou européano-compatible.
-Réorienter la quête de la valeur vers les véhicules plus petits, construits sur les plateformes où les constructeurs français et leurs sites sont encore "dans la course" peut être une réponse "acceptable" et pertinente.
Le "déclin de la France automobile" est une spirale qui n’en finit pas de tourner » : la seule façon de sortir les marques française du déclin serait d’opter pour un "New Deal" (la "nouvelle donne" de Roosevelt en 1933), un "pacte entre l’État, les collectivités, les constructeurs et les partenaires sociaux", axé sur la responsabilité sociale, industrielle et écologique.
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