Quelques mois après la victoire inattendue d’Andrzej Duda à l’élection présidentielle des 10 et 24 mai derniers, les Polonais retournent aux urnes le 25 octobre prochain pour renouveler les deux chambres du Parlement.
Toutes les enquêtes d’opinion, selon une note de la fondation Schuman, prévoient une victoire du principal parti de l’opposition, Droit et justice (PiS), dans un pays toujours divisé entre un Ouest industriel plutôt acquis à la Plateforme civique (PO), au pouvoir depuis 8 ans, et un Est plus agricole et davantage proche des forces conservatrices incarnées par le PiS.
L’histoire récente de la Pologne est celle d’une réussite européenne, symbolisée par la nomination le 1er décembre dernier de l’ancien Premier ministre Donald Tusk (PO) à la présidence du Conseil européen. Le pays est toutefois à la croisée des chemins et s’apprête à faire dans un mois un choix crucial entre deux voies opposées, personnifiées, pour la première fois dans l’histoire du pays, par deux femmes.
Le pays connaît en effet une croissance ininterrompue depuis 1992. Le PIB a crû de 25% depuis 2008, année où la crise économique mondiale a débuté. La Pologne a été le seul des 28 États membres de l’Union à ne pas avoir connu de récession au cours des dernières années. Le taux de croissance devrait atteindre 3,5% en 2015 et 3,7% en 2016. Les salaires ont également progressé durant cette même période : + 18%!
Mais cette forte croissance a généré de nombreuses inégalités. Si les Polonais sont conscients des progrès accomplis depuis la chute du communisme, tous n’ont cependant pas l’impression de récolter les fruits de cette croissance.
Ewa Kopacz tente de convaincre les Polonais qu’elle a compris la leçon de la défaite du Président sortant (PO) lors du scrutin présidentiel et que son parti va désormais être davantage à l’écoute des problèmes de la population. Usée par 8 années à la tête du pays, la PO, quasi-paralysée par les scandales et les défaites de ces derniers mois, peine cependant à incarner l’image du renouveau auquel aspirent les Polonais.
Le PiS a donc trouvé la parade face à Ewa Kopacz en choisissant de proposer une autre femme, Beata Szydlo, 53 ans, vice-présidente vice-présidente du parti, députée, et surtout responsable de la campagne – victorieuse – d’Andrzej Duda à l’élection présidentielle en mai dernier.
Aimant à se présenter comme le défenseur des plus faibles, le PiS souhaite introduire une tranche d’imposition pour les revenus les plus élevés et, à l’inverse, diminuer les taxes des Polonais les moins fortunés. Le parti est très critique à l’égard de l’état des infrastructures du pays, notamment les écoles et les transports.
L’arrivée du PiS au pouvoir entraînerait un changement de politique de Varsovie au niveau européen. Le parti est membre du groupe des Conservateurs et Réformistes européens au Parlement européen où siège également le Parti conservateur britannique.
La Pologne, pays où environ un quart de la population se déclare de gauche, possède pourtant la particularité de ne compter aucun parti de gauche dépassant 10% dans les intentions de vote. Cette tendance politique pourrait même tout simplement disparaître du Parlement à l’issue du scrutin du 25 octobre. Les revendications des partis de gauche sont finalement proches de celles du PiS, qui parvient, lui, à défendre la solidarité, le nationalisme et les valeurs chrétiennes et donc à incarner l’opposition au pouvoir en place.
Le Parlement polonais est bicaméral : la Diète (Sejm), chambre basse de 460 députés, et le Sénat (Senate), chambre haute de 100 membres. Les élections ont lieu en Pologne tous les 4 ans à l’exception des listes représentant les minorités nationales, tout parti politique doit recueillir au moins 5% des suffrages exprimés pour être représenté à la Diète (8% pour une coalition). Pour la Diète, la Pologne est divisée en 41 circonscriptions qui élisent chacune entre 7 et 20 députés au scrutin proportionnel
7 partis politiques sont actuellement représentés au parlement:
– la Plateforme civique (PO), parti de la Première ministre Ewa Kopacz, créé en mars 2001, compte 197 députés et 61 sénateurs ;
– Droit et justice (PiS), parti d’opposition dirigé par Jaroslaw Kaczynski, fondé le 13 juin 2001, compte 134 députés et 32 sénateurs ;
– Ton mouvement (RP), parti libéral et anticlérical fondé en 2011 par Janusz Palikot, possède 40 sièges de députés (aucun sénateur) ;
– Bialo-Czerwoni (Rouges et blancs) a 4 députés,
– le Parti populaire (PSL), parti centriste et agrarien, membre de la coalition gouvernementale sortante. Plus ancien parti politique de Pologne (il a été fondé en 1895), il est également celui qui compte le plus grand nombre de membres (environ 120 000). Présidée par le vice-Premier ministre Janusz Piechocinski, il compte 38 députés et 2 sénateurs ;
– l’Alliance de la gauche démocratique (SLD), parti social-démocrate créé en 1991 et dirigé par Leszek Miller, compte 35 députés (aucun sénateur).
– Zjednoczona Prawica – Polska Razem (droite réunie) conduit par Jaroslaw Gowin a 16 députés.
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