Le PS est un parti, c’est à dire un intellectuel collectif qui doit produire des idées et faire le choix des hommes pour les appliquer.
La primaire a déjà bousculé la question du choix des candidats qui le sont à titre individuel, porteur de LEUR projet. Mais un projet collectif minimal pouvait faciliter le rassemblement comme ce fut d’une certaine façon la situation de 2011
Au fil des ans on constate une lente dérive dans la production et la mise en œuvre des idées.
On a franchi 3 étapes successives :
1/ On décide d’un projet et on le met en œuvre
Dans les années 80 : programme commun, nationalisations …font l’objet de débats difficiles: il suffit de se souvenir des débats difficiles du congrès de Metz, mais il y a des décisions collectives et après, on les met en œuvre tant bien que mal ; tout le monde respecte ces choix collectifs même si leurs critiques restent possibles ; il y a clairement une ligne politique pour l’appliquer ,autour de François Mitterrand.
2/ Puis on décide d’un projet et certains refusent de le mettre en œuvre
Puis peu à peu les choses se délitent : on a encore des décisions collectives, des moments de débats, mais leur application se fait de plus en plus lâche
Deux exemples pour l’illustrer :
- En 2005, le traité européen fait l’objet de vifs débats, et un referendum militant tranche démocratiquement une position collective, mais certains ne respectent pas le résultat et font campagne à l’opposé du vote majoritaire : c’est le début d’un changement profond !
- En 2011, une décision de congrès fixe majoritairement les règles sur le Cumul des mandats ; mais la décision collective est respectée de façon inégale : certains ministres, ou parlementaires, qui devraient porter la ligne collective ne la respectent pas s’abritant derrière la loi !
3/ Enfin on ne décide plus de projets
Pour le prochain quinquennat les militants n’ont rien décidé : pas de débats collectifs sur des orientations, des choix. Le parti n’est plus que le difficile porteur d’écuries concurrentes qui peinent à cohabiter : les conflits, trucages, tricheries apparaissent de plus en plus !
Les candidats aux primaires font leur proposition quelquefois en rupture avec les positions antérieures; 2 exemples de propositions de Benoit Hamon l’illustrent.
- Le Revenu universel au-delà de son financement, pose la question de la place du travail dans notre société : ce n’est pas une mince affaire, mais un vrai choix de société. C’est une proposition de Hamon ,pas un choix collectif discuté, décidé!
- Le 49/3 citoyen en permettant à 400 000 citoyens de “faire la loi”, ou plutôt de la bloquer, suppose une certaine conception des institutions et de la démocratie: pourrait-on faire le mariage pour tous, ou abolir peine de mort si ce dispositif avait alors existé ; c’est une individualisation des décisions collectives! C’est la fin du principe majoritaire, c’est la paralysie de l’action, c’est oublier que la démocratie, c’est débattre mais aussi décider ! C’est faire le choix de l’opposition plutôt que du pouvoir !
Et maintenant ?
Que se passera-t-il après ces primaires ? Le projet vainqueur des primaires, malgré l’improvisation, s’imposera-t-il au PS ? Comment, et peut-il se mettre en situation de produire un projet collectif, rassembleur ? que signifie être adhérent ?
On le voit : au fil du temps, le PS a perdu ses deux fonctions essentielles ! Il est devenu un ensemble de clans qui cohabitent peu ou prou. La question de son utilité aujourd’hui est donc posée !
Ce qui est particulièrement dommageable, c’est que d’une certaine façon se trouve actée une vision purement individuelle de la politique : avec la disparition de tout projet collectif, c’est le règne de l’individualisme triomphant !
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