Le prix des mots : Pour survivre dans la crise, chacun trahit sa parole. Danger!

Voici une chronique de Jacques Attali dans l’express, que j’ai bien aimée et que je voudrais vous faire partager:

"L'une des principales utilités de la crise actuelle est de révéler au grand jour, à ceux qui auraient pu l'oublier, que nous vivons dans un monde encore barbare, où civilisation, politesse, obéissance à la règle, respect des contrats et de la parole donnée ne forment qu'une mince pellicule, qui peut sauter en un instant si l'exige la survie.

On a vu les banques prendre les prétextes les plus fallacieux pour interrompre des crédits déjà accordés; des agences de notation remettre en question arbitrairement leurs propres conclusions; des hedge funds refuser de rembourser leurs déposants, en violation totale de leurs statuts et des contrats qui les lient à leurs clients; des gestionnaires de fonds de pension utiliser l'épargne des uns pour combler les pertes des autres, en piétinant les textes qui les régissent.

On a vu aussi les banques centrales, dont la mission est de faire respecter, par tous, les règles de contrôle de création monétaire, s'empresser de les contourner elles-mêmes pour, niant leur raison d'être, distribuer des billets de banque en échange de titres à la valeur de plus en plus incertaine; et même, pour la Réserve fédérale américaine en tout cas, afin de faire directement crédit aux entreprises et demain, sans doute, à des hedge funds.

On a vu enfin des gouvernements, en contradiction complète avec leurs propres normes, imposer à leurs banques des ratios entre fonds propres et prêts très supérieurs à ceux qu'exigent les textes, et accorder des subventions à leurs entreprises aux abois, en dépit de toutes les décisions des institutions internationales dont ils sont membres.

Nous entrons alors dans un monde très dangereux. Si la survie conduit chacun à considérer qu'il peut piétiner les contrats privés, les lois et les accords internationaux, tout devient possible, c'est-à-dire le pire: le protectionnisme, le chômage et l'inflation, car la monnaie, première mesure de la validité du contrat social, s'effondrera -si les mots ne valent plus, la monnaie vaut moins encore. Il est donc crucial de ne pas glisser sur cette pente. A un moment où il faudrait progresser vers un Etat de droit planétaire, il faut avant tout que chacun se souvienne que le respect de la parole donnée est la condition de la traversée des tempêtes."

Les mots, les engagements sont essentiels : regardez les problèmes aujourd'hui avec les chercheurs dans les universités, avec les Guadeloupéens…!

Partagez cet article :

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.