Le premier débat sur les primaires est une incontestable victoire pour cette démarche nouvelle, et donc pour tous les Socialistes qui les ont voulues.
Il est plus décevant sur le fond, même si se dessinent à travers ce débat deux orientations fortes : une plus sociale démocrate, soumise au diktat de la finance, et qui en fait se contente de gérer. Une autre, politique de rupture, certainement très difficile qui demandera beaucoup de volonté et de constance pour une relance non pas de la consommation seule, mais de la production, qui recrée de la richesse, avec un projet de société innovant tourné vers un développement durable, et une volonté affirmée de donner la priorité à l’ humain sur le pouvoir de l’argent et les marchés tout puissants .
Il faut changer et gérer, et ne pas seulement changer, ou seulement gérer !Les candidats peuvent être jugés à partir de cette grille, au delà des qualités personnelles des uns et des autres.
François Hollande a des capacités de gestionnaire sans doute mais se heurtera très vite à un certain nombre de difficultés qu’on ne peut affronter dans la recherche permanente du consensus. Sa démarche tend à ignorer le fait que la crise actuelle est d’abord une crise de système.
Martine Aubry donne des signes de changement mais elle fait des choix en fonction des alliances qu’elle veut passer pour gouverner comme si elle candidatait au poste de premier ministre. Dans son entourage d’aujourd’hui (voir La gauche française, pionnière de la dérégulation financière ?), on retrouve plusieurs de ceux qui par le passé, ont poussé à la réduction des impôts sur le revenu, au refus d’imposer les stocks options…mais aussi d’autres qui ont gardé une vision nationale du capitalisme.
Arnaud Montebourg tient un discours relativement novateur, mais l’outrance de ses propos ne lui permet pas de porter un projet majoritaire
Manuel Walls tient lui aussi un discours clair, mais à l’inverse de Arnaud Montebourg s’intègre totalement dans le système sans dessiner aucune espérance.
Baylet est encore trop peu connu pour qu'on puisse juger..
Dans ce cadre, Ségolène Royal tient le discours le plus clair sur la crise du système et sur les orientations à prendre. Elle porte à la fois un projet de transformation sociale et de rassemblement, une méthode pour conduire le pays à travers son contrat avec la Nation. Les orientations qu’elle porte sur la réforme bancaire et fiscale, la conversion écologique, la nécessité de lier ordre et justice, la priorité donnée à la production de nouvelles richesses… dessinent une vraie ambition présidentielle dans le contexte de crise financière et de décomposition morale que nous connaissons.
Ambition présidentielle qui n’est pas un programme technique de gouvernement, qui est à la fois une volonté de changer, et de gérer pour conduire le changement. Sa radicalité économique et sa volonté de proposer des solutions concrètes et justes portent haut.
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