A partir d’un sondage « BVA – Les Inrockuptibles », réalisé à la mi octobre, Gaël Sliman nous donne une photographie des trentenaires, la génération de 30 /39 ans. Elle apparaît comme une génération Pivot, la plus antisarkozyste ; Au niveau du moral ou de l’espoir, elle est aussi la génération la plus « noire » ; les trentenaires se révèlent finalement sur certaines valeurs, comme la fidélité, assez proches de leurs grands-parents, les seniors .
S’agissant de culture, pour les trentenaires comme pour toutes les autres tranches d’âge, il existe un hiatus béant entre l’envie et la pratique. C’est tout le paradoxe de cette génération charnière, «adulescente » par certains aspects, pleinement ancrée dans une pragmatique modernité par d’autres, et pouvant être finalement très traditionnelle quant à ses aspirations et ses valeurs Les trentenaires : une génération pivot .
Ni tout à fait « djeunz » comme leurs cadets âgés de 15 à 29 ans, ni n’assumant réellement leur « embourgeoisement » comme leurs aînés, quadras et quinquas, les trentenaires constituent une génération à part, pivot, entre jeunesse et maturité. Proche des plus jeunes sur un certain nombre de comportements ils se révèlent finalement sur certaines valeurs, asses proches de leurs grands-parents, les seniors. Sur tous les résultats, ou presque, de notre sondage, cette génération se distingue des trois autres tranches d’âge que nous avons détaillées dans l’enquête (outre leurs cadets et leurs aînés, nous avons aussi interrogé les seniors âgés de plus de 60 ans).
Politiquement, ils sont la tranche générationnelle la plus antisarkozyste avec 69% de souhait de victoire en faveur de la gauche contre seulement 22% de souhait de renouvellement du Président actuel, soit 7 points de moins que leurs cadets âgés de 15 à 29 ans (29% souhaitent la réélection de Sarkozy) et 4 points de moins (26%) que leurs aînés quadras et quinquas.
Au niveau du moral ou de l’espoir, ils sont aussi la génération la plus « noire » : 74% des 30-39 ans pensent que leur génération a une vie moins bonne que la génération de leurs parents. Seulement 24% pensent qu’ils ont une vie meilleure. Si leurs cadets, âgés de 15 à 29 ans ne sont pas beaucoup plus optimistes, ils n’atteignent tout de même pas un tel niveau (72% contre 26% pensent que leur vie est moins bonne). Les quadras et quinquas sont eux plus équilibrés sur le sujet (54% contre 44% pensent qu’ils ont une vie moins bonne), tandis que les plus de 60 ans à l’inverse, reconnaissent majoritairement (74% contre 24%) qu’ils ont été une « golden generation » (les trente glorieuses), ayant la chance de vivre une vie meilleure que la génération de leurs parents.
Au niveau de leurs loisirs, les trentenaires sont bien des « adulescents », des adultes pleinement actifs et indépendants mais ayant encore des aspirations et des pratiques extrêmement proches de celles de leurs cadets, tout juste sortis de l’adolescence (les 15-29 ans). Comme leur cadets, ils se distinguent de leurs aînés par leur goût pour le sport (41% le pratiquent et 48% en font leur loisir préféré) et le shopping (22% et 27%), activités nettement moins prisés des plus de quarante ans (de 27% à 35% pratiquent un sport et de 10% à 15% font du shopping), et par leurs pratiques culturelles nettement plus faibles que celles de leurs aînés (32% pour les trentenaires contre 41% des quadras et quinquas et 55% des plus de 60 ans).
S’agissant de culture, pour les trentenaires comme pour toutes les autres tranches d’âge, il existe un hiatus béant entre l’envie et la pratique. Les activités culturelles sont pour tous, celles que l’on préférerait pratiquer (de 53% à 71% selon la tranche d’âge). Il s’agit aussi de la seule activité pour laquelle il existe un tel différentiel structurel entre l’intention et la réalisation. En moyenne, l’écart de résultat entre « je pratique » et « j’aimerai pratiquer » est de près de 1,5. Auprès des trentenaires, cet écart culmine à 1,65. C’est le signe d’une réelle frustration quant aux pratiques culturelles que les trentenaires (comme les autres) aimeraient pratiquer mais ne le peuvent pas, probablement faute de moyens.
Il est intéressant de noter que pour la télévision, c’est l’inverse : activité en moyenne moins appréciée que les activités culturelles, ou le sport (36% contre 61% à la culture et 42% au sport), la télévision est l’activité la plus souvent pratiquée par les Français (47% contre 42% aux pratiques culturelles et 34% au sport). Dans ce cas le hiatus entre « je pratique » et « j’aimerai pratiquer » joue à l’inverse de la culture. Avec un score moyen de 1,3 la pratique de la télévision est 30% supérieure à ce qu’est en réalité l’envie de télé. Les trentenaires ne dérogent à pas à cette règle commune à toutes les générations (différentiel de 1,2 pour eux).
En revanche, les trentenaires se rapprochent curieusement des seniors sur leur rapport à la fidélité tout au long de la vie. Ils sont, avec les plus de 60 ans, les plus nombreux à penser/croire qu’ils passeront le reste de leur vie en couple avec la même personne. Notons tout de même qu’à ce sujet, c’est la société française dans son ensemble qui est désormais plutôt « tradi », 78% des Français pensant qu’ils passeront « toute leur vie en couple avec une même personne ». C’est tout le paradoxe de cette génération charnière, « adulescente » par certains aspects, pleinement ancrée dans une pragmatique modernité par d’autres, et pouvant être finalement très traditionnelle quant à ses aspirations et ses valeurs
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