Alors que réapparait dans l’actualité la question de l’assurance chômage ,Terra Nova a exploré l’idée d’une « assurance chômage européenne ». Non seulement celle-ci renforcerait l’efficacité économique de la zone euro mais elle participerait également à la relance politique d’une Europe porteuse de solidarité. Les débats qu’elle susciterait seraient l’occasion de redonner un contenu positif aux discussions sur l’Europe et de décider démocratiquement des contours à donner à une véritable Europe sociale, essentielle à la pérennité du projet européen.
La crise de la zone euro a rendu patentes les insuffisances de l’Union monétaire telle que définie par le traité de Maastricht. La zone a été prise au dépourvu face aux crises de la dette souveraine et bancaires de plusieurs de ses membres, et elle est impuissante à permettre la mise en œuvre de politiques budgétaires adéquates en cas de récession grave et prolongée. Cette incomplétude de l’euro a créé de nouveaux déséquilibres, et ce sont ces insuffisances institutionnelles que les Etats membres de la zone euro doivent aujourd’hui combler.
Pour certains, la crise est un révélateur supplémentaire du carcan que représenterait l’Union européenne pour les Etats. Nous pensons au contraire que la réponse aux faiblesses ainsi mises à jour passe par une intégration européenne plus poussée.
Dans cette note, nous nous intéressons plus particulièrement aux enjeux liés à la création d’un budget européen destiné à stabiliser les économies de la zone euro en cas de choc économique. Nous défendons l’idée d’une assurance chômage européenne.
Alors que l’on répète souvent qu’il ne peut y avoir de solidarité sans responsabilité, la crise récente montre qu’il ne peut y avoir non plus de responsabilité sans solidarité, au risque de miner l’efficacité économique de la zone euro et d’accroître toujours plus la défiance des citoyens vis-à-vis de l’Union. C’est pourquoi la création d’une capacité budgétaire européenne permettant d’opérer des transferts entre les Etats apparaît comme le seul moyen de concilier monnaie unique, règles budgétaires et capacité de stabilisation des économies face aux chocs conjoncturels.
Par rapport à un fonds assurantiel opérant directement des transferts entre les Etats européens en fonction de la conjoncture, une assurance chômage partiellement harmonisée donnerait un visage concret aux solidarités à créer entre les pays de la zone euro : elle nous semble ainsi plus lisible pour le citoyen européen et plus porteuse de valeurs, tout en apportant les mêmes bénéfices que le fonds assurantiel du point de vue de l’efficacité économique.
La nécessité de doter l’Union monétaire d’une capacité fiscale plus importante est bien identifiée par la Commission et le Parlement, mais la Commission a également intériorisé les résistances des Etats en la matière. Ainsi, aucun véritable engagement n’est pris pour le moment pour avancer sur cette question. Raison de plus pour que les partis progressistes s’emparent du sujet et le portent à l’avant-scène : imposer le thème de l’assurance chômage européenne dans l’actualité permettrait de prendre véritablement acte de l’importance de la construction de l’Europe sociale et de tracer de nouvelles perspectives pour le projet européen.
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