Longtemps polluées par les rejets industriels et urbains de son bassin versant, les eaux de la Seine ont vu leur qualité s’améliorer significativement depuis une trentaine d’années. Ce constat, partagé par les riverains de l’estuaire, est étayé par les nombreuses analyses et études menées par tous ceux qui travaillent sur la Seine-Aval.
Tous les problèmes ne sont pas pour autant réglés ; des préoccupations écologiques et des attentes réglementaires subsistent. Les efforts de maitrise des rejets et de gestion des pollutions historiques doivent ainsi être poursuivis, notamment pour atteindre les objectifs de bon état écologique des eaux fixés par les directives européennes (DCE, DCSMM).
Un récent fascicule du GIP Seine Aval évalue ce constat d’amélioration de la qualité des eaux de l’estuaire de la Seine.
La pollution des eaux naturelles provient essentiellement des activités humaines, les sources étant classiquement reliées aux pressions urbaines, industrielles et agricoles. La qualité d’un milieu aquatique est ainsi le reflet des pressions (passées et actuelles) exercées par les activités humaines présentes sur son bassin versant.
Ce schéma général s’applique à l’estuaire de la Seine, qui est concerné par des sources de pollution diverses :
– apports du bassin versant amont au niveau de Poses,
– apports des affluents,
– apports des nappes d’eau souterraines,
– rejets directs dans l’estuaire via les stations d’épuration urbaines et industrielles,
– sources diffuses via le ruissellement ou la remise en suspension de sédiments.
L’analyse de la contribution actuelle de chacune de ces sources dans le flux global de contaminants à l’estuaire de la Seine montre la prépondérance des apports de son bassin versant amont sur les autres apports : les flux de contaminants apportés par la Seine (à Poses) représentent 10 à 20 fois les flux apportés par les affluents et plusieurs centaines de fois les rejets industriels et urbains dans l’estuaire.
Le constat historique de qualité très dégradée des eaux de la Seine a aujourd’hui bien évolué et de nombreuses améliorations sont à noter depuis les années 1970-1980. Ces améliorations sont à mettre en lien avec 1) la réduction des rejets, 2) l’amélioration des capacités de traitement des effluents industriels et urbains et 3) l’évolution des pratiques agricoles et industrielles tendant à réduire l’utilisation et le rejet de substances toxiques.
L’oxygénation des eaux de la Seine s’est ainsi largement améliorée grâce à la mise en place et l’optimisation des STEP de Paris et de Rouen pour le traitement des effluents urbains (matière organique, charge ammoniacale).
La contamination microbiologique a été réduite, là encore suite à l’augmentation des capacités de traitement des effluents et à une meilleure maitrise des rejets
La contamination en micropolluants chimiques (métaux, pesticides organochlorés, PCB,…) et en certains nutriments (phosphore, ammonium) a largement baissé grâce à une meilleure maitrise des rejets, à des restrictions d’usage et des évolutions des procédés industriels.
Les nombreux signaux positifs témoignent d’une trajectoire allant vers une reconquête de la qualité des eaux de la Seine, mais ne doivent pas occulter les efforts qui restent à mener et les préoccupations qui persistent.
Le maintien des flux de nitrates à la mer à un niveau élevé est une problématique toujours d’actualité : les concentrations moyennes en nitrates présentent une tendance à la hausse depuis le début des suivis, avec une concentration moyenne de 25mg/l sur les dix dernières années et des valeurs pouvant dépasser les 35mg/l
L’exposition de la faune aquatique à un cocktail de contaminants (HAP, PCB, pesticides, PBDE, phtalates, résidus médicamenteux, etc.) pose également question, que ce soit i) pour les effets environnementaux directs sur ces organismes, ii) pour les répercussions sur les populations ou les écosystèmes, iii) ou pour les risques sanitaires si ces produits sont consommés (coquillages, poissons).
La présence de « stocks » de contaminants dans l’environnement (couches profondes de certaines vasières, sites et sols pollués) est l’une des spécificités de l’estuaire de la Seine. Elle est à relier au fonctionnement hydrosédimentaire de l’estuaire, à son passé industriel et aux apports importants du bassin versant amont. Ces contaminants (métaux, HAP, PCB, etc.) peuvent se retrouver dans le milieu aquatique suite à leur remise en suspension lors de crues ou par dragage (pour les vasières dans le lit mineur), ou suite à leur entrainement par des eaux ruissellements (pour les sites et sols pollués en bord de Seine).
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