Quelle coalition pour gouverner le pays ? Quelle attitude vis-à-vis de l’Europe ? Tous les cinq ans, les Britanniques élisent les députés de la Chambre basse (House of Commons). Ce sera le cas le 7mai prochain.
Le mode de scrutin est majoritaire à un tour (first past the post : le premier qui arrive au poteau gagne le siège !)). Le Royaume Uni est divisé en 650 circonscriptions (constituencies) : 529 en Angleterre, 59 en Ecosse, 40 au pays de Galles et 18 en Irlande du Nord. Ainsi, lors des dernières élections du 6 mai 2010, le Parti conservateur a recueilli 36,1% des voix mais obtenu 47,23% des sièges à la Chambre des Communes.
Ce système est fatal aux « petits » partis qui ne peuvent espérer obtenir un siège que si leurs suffrages sont géographiquement concentrés, ce qui explique que les partis régionalistes (écossais, gallois ou irlandais) sont ceux qui parviennent le plus aisément à obtenir quelques députés. Mais ils peuvent « manger » des voix aux 2 grands partis, les privant ainsi de la première place.
Les membres de la Chambre haute (House ofLords) sont nommés à vie par la Reine sur proposition du Premier ministre. Les Lords ne peuvent bloquer le vote d’une loi proposée par le gouvernement ou la Chambre des Communes mais simplement le retarder, ce qu’ils ne font toutefois que très rarement.
Le chef du parti qui remporte les élections à la Chambre des Communes est nommé Premier ministre par la Reine. Sont ainsi candidats au poste de Premier Ministre :
–Nathalie Bennett, Chef du Parti vert de l’Angleterre et du pays de Galles
–David Cameron, Actuel Premier ministre, chef du Parti conservateur
–Nick Clegg, Vice-Premier ministre, chef du Parti des démocrates et libéraux
–Ed Miliband, Chef du Parti travailliste
–Nicola Sturgeon, Chef du Parti nationaliste écossais (SNP)
–Natalie Chef du Parti vert de l’Angleterre et du pays de Galles
–Leanne Wood, Chef du Plaid Cymru, le Parti du pays de Galles
Le Royaume-Uni avait jusqu’alors pour habitude de voir s’affronter deux candidats des traditionnels partis, travailliste (Labour) et conservateur (Tory). Mais le paysage politique s’est morcelé et c’est la fin du bipartisme qui avait jusque-là dominé
Les derniers sondages indiquent que les traditionnels partis de gouvernement sont au coude à coude avec 30 à35 % des voix et aucun des deux ne devrait être en mesure d’obtenir de majorité absolue.
L’actuel Premier ministre David Cameron a promis un référendum sur l’UE en cas de réélection .Un jeu dangereux pour essayer de limiter la montée de l’UKIP qui prône la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Le mode de scrutin ne donnera pas beaucoup de sièges à l’UKIP, mais privera les conservateurs de nombreuses voix et donc peut l’empêcher d’arriver en tête.
Le Royaume-Uni connaît une forte immigration, notamment en provenance des pays membres de l’UE. Opposé à ces entrées, le parti de Nigel Farage promet d’influencer le débat public.
Avec le vote du 18 septembre 2014, l’Ecosse a décidé de rester dans le Royaume-Uni. Mais le Parti nationaliste écossais exige maintenant plus d’autonomie. Un sondage le donne gagnant dans 56 des 59 circonscriptions d’Ecosse. Européen convaincu, progressiste, ce parti rentrera-t-il dans une majorité avec les travaillistes ? La percée du SNP devrait être le grand phénomène de ces élections britanniques, qui consacreront l’émergence des indépendantistes écossais à Westminster.
Même si la croissance est revenue dans le pays et que le chômage baisse, le déficit économique demeure important et les plans d’austérité risquent de se poursuivre.
L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair a affirmé sa solidarité et son soutien envers le candidat travailliste Ed Miliband, dont les scores peinent à décoller. IL approuve le combat du candidat contre les inégalités ainsi que la défense de la justice sociale., le candidat Ed Miliband prône une politique orientée à gauche du Parti travailliste, et sa campagne pourrait laisser les partisans du New Labour (aile droite du Parti travailliste) bien hésitants dans leur vote : l’intervention de Tony Blair est aussi l’occasion d’attirer les indécis de droite, même si celui-ci a une image contrastée dans l’opinion britannique.
M. Blair a ’attaqué aussi le candidat conservateur David Cameron sur son “thème de prédilection” : l’Union européenne. Pour lui « quitter l’Europe diminuerait l’influence du Royaume-Uni dans le monde, causerait d’importants dommages à notre économie et irait à l’encontre des qualités et des ambitions qui nous distinguent toujours comme une grande nation mondiale”. Pour lui, un tel scrutin n’est qu’une démarche populiste qui menacerait d’éclater la Grande-Bretagne.
En complément deux notes utiles :
Une note de la Fondation Schuman offre un panorama complet de ces élections.
Une note de Télos face au risque du Brexit et les enjeux européens de ces élections
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