Thierry Mandon a été nommé secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche. Beaucoup de dossiers l’attendent suite au départ de Geneviève Fioraso depuis trois mois.
Le moral de la communauté universitaire n’est pas au plus haut : “Le gouvernement doit enfin montrer aux universitaires qu’ils sont l’avenir de la France, qu’on a besoin d’eux, et les aider à accomplir leurs missions d’enseignement et de recherche”, assure le président de la Conférence des présidents d’université . “Cela fait plus d’un an que nous n’avons plus de feuille de route pour la jeunesse”, renchérit William Martinet, président de l’Unef.
La question la plus préoccupante est évidemment la question budgétaire : Avec un budget de l’enseignement supérieur et de la recherche stable mais des charges, comme le GVT (Glissement-vieillesse-technicité), qui augmentent et un apport financier des CPER (Contrats de projets État-région) qui chute fortement, les difficultés croissantes des établissements à joindre les deux bouts créent un décalage par rapport aux promesses de campagne de François Hollande. Les rumeurs autour de la ponction de 100 millions d’euros sur les fonds de roulement des universités et écoles d’ingénieurs contribuent à ce mauvais climat.
Il va falloir faire évoluer le modèle économique des universités. Trois pistes sont envisagées : les crédits européens de recherche – dont les Français bénéficient relativement peu –, les droits d’inscription – dans un premier temps pour les étudiants étrangers non européens – et la formation continue – des recommandations opérationnelles devraient être faites dès la rentrée 2015
La mise en place des regroupements institués par la loi de l’été 2013 – fusion, association ou Comue (Communauté d’universités et établissements) – entre dans sa dernière phase pour une majorité d’entre eux : l’élection et l’installation des conseils centraux et des présidences. Elle doit maintenant faire ses preuves alors qu’ un tiers des répondants au baromètre EducPros 2015 estime que ces regroupements universitaires en cours sont une bonne chose et que 80% y voient une source de stress.
Certains acteurs s’estiment en outre peu considérés dans ces jeux d’alliance : les écoles voudraient y avoir une place plus claire. Côté étudiants, la politique de formation de ces nouveaux regroupements, inquiètent.
La course aux millions relancée par le second appel à propositions pour les Investissements d’avenir a aussi un impact sur le paysage de l’enseignement supérieur. En ces temps de budgets contraints, décrocher les intérêts d’une partie des 3,1 milliards d’euros prévus pour l’appel de l’Initiative d’excellence (Idex et Isite) est tout sauf négligeable. 8 ont été présélectionnés sur 20 poles candidats, et les critiques contre des règles du jeu faussées se font désormais plus fortes. Un quart des présidents d’université ont signé une tribune dénonçant le soutien à un seul format de gouvernance : celui de la fusion et des grandes métropoles, excluant un grand nombre d’établissements.
Une autre question très sensible à gérer à quelques mois de la rentrée universitaire , concerne la sélection à l’université, particulièrement au niveau des masters ,ou des prérequis en licence . La situation des bacheliers ” pro ” est préoccupante en 1er cycle – seuls 2,7 % d’entre eux obtiennent une licence en trois ans.
La question de l’ Evaluation avec la mise en place du haut conseil à l’évaluation, la publication en attente de la stratégie nationale de l’enseignement supérieur, surnommée “Stranes”, l’agenda social en panne, autour de la mobilité des personnels, des régimes indemnitaires, des déroulements de carrières, de la résorption de la précarité… sont autant de questions posées. On peut y ajouter le nouvel arrêté pour le Doctorat ( la reconnaissance du doctorat comme une expérience professionnelle de recherche est indispensable) ou les conventions entre les classes prépas et les universités !
Sans oublier que 2016 sera une année de renouvellement des instances dans de nombreux établissements !!
Le nouveau secrétaire d’Etat devra très vite dire ce qu’attend le pays de ses universités et définir une véritable stratégie nationale de l’enseignement supérieur .
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