Nous avions évoqué cette question ici même,il y a quelques temps.Le gouvernement a annoncé une nouvelle série de mesures pour ramener l’offre médicale libérale là où elle fait défaut. Plus précisément, il compte sur l’installation de 500 médecins supplémentaires, toutes spécialités confondues, d’ici 2017 dans les zones sous-dotées. Rien de directif, ni de coercitif toutefois, ni suppression du numerus clausus, comme en Belgique.
Ce nouveau paquet de mesures est présenté comme le deuxième volet du « Pacte territoire santé » auquel le projet de loi santé en cours d’examen donne une assise législative. Le premier volet de ce Pacte avait été présenté en décembre 2012. L’objectif reste le même : « que chaque Français puisse se faire soigner facilement près de chez lui partout sur le territoire ».
Parmi les mesures vraiment nouvelles, notons l’augmentation de 6,4 % du numérus clausus dans 10 régions manquant de médecins : il s’agit d’augmenter le nombre d’étudiants admis à l’issue du concours en 2e année de médecine. Concrètement, cela ouvrira 131 places supplémentaires. En tête des régions concernées, le Centre-Val-de-Loire (avec 20 places), suivi de l’Auvergne et la région Rhône-Alpes (+18 chacune), la Bourgogne (+15), la Réunion (+12), la Haute-Normandie (+13), la Basse Normandie (+7), le Nord-Pas-de-Calais (+10), les Antilles-Guyane (+10) et la Picardie (+8), soit +20 pour la nouvelle région Normandie .
Pour inciter les jeunes médecins à choisir la médecine libérale, le gouvernement compte toujours sur l’effet d’entrainement des anciens, avec « l’augmentation du nombre de médecins libéraux enseignants » et « une revalorisation de la rémunération versée aux maîtres de stage » : les stages en cabinets de ville en outre, « seront ouverts aux étudiants d’autres spécialités comme l’ophtalmologie ou la pédiatrie »
Un portail d’accompagnement des professionnels de santé (www.paps.sante.fr) est ouvert depuis hier, « pour les aider, de leur installation à leur exercice quotidien ».
L’incitation passe aussi par les conditions de travail, avec l’investissement prévu « de plus de 40 millions d’euros pour développer la télémédecine en ville ». Plusieurs aides financières sont aussi prévues « pour compenser l’accueil des patients sans rendez-vous » et éviter ainsi le recours aux services d’urgence.
le gouvernement vise encore 1000 maisons de santé d’ici 2017, contre un peu plus de 700 actuellement. La création ou la rénovation de maisons ou centres de santé dans les quartiers prioritaires de la ville seront également aidées. Le coût total de ce plan est évalué à 200 millions d’euros.
Ces annonces interviennent au moment de la publication par Le Conseil national de l’Ordre des Médecin, de sa nouvelle édition 2015 de l’Atlas de la démographie médicale
Pour aider à l’installation des médecins et repérer les zones sous-dotées, le Conseil de l’Ordre a créé une cartographie interactive, véritable outil d’aide à la décision, sur son site internet : A noter 4 remarques :
— Les atlas régionaux confirment le constat national d’une population médicale vieillissante : 26,4% des inscrits au tableau de l’Ordre ont plus de 60 ans
— Sur les déserts médicaux : les territoires en danger pour les soins de premier recours ne concernent pas exclusivement les territoires ruraux mais aussi les métropoles, comme Paris, voire des villes moyennes, comme Châteauroux. Sur la période 2007/2015, la région Ile-de-France recense une diminution de 6% des médecins en activité régulière.
— Sur les médecins à diplômes étrangers : le nombre de médecins titulaires d’un diplôme obtenu hors de France augmente depuis 2007 (+42,7%), toutefois ces médecins ne peuvent pas aujourd’hui pallier le manque d’effectifs car ils privilégient massivement l’exercice salarié (62%) ou mixte (13%). Par ailleurs, ces médecins privilégient les territoires à forte densité et ne constituent pas réellement une réponse à la désertification.
— Sur les effectifs en médecine générale et les spécialités : on dénote une baisse constante depuis 2007 des effectifs en médecins générale (on est passé de 64 778 médecins généralistes en 2007 à 58 104 en 2015, soit une baisse 10,3%, et une baisse de 6,8% est à prévoir pour les années 2015-2020). Du côté des spécialités, l’exercice libéral reste en progression (entre 2007 et 2015, il était en hausse de 6,2% pour les spécialités médicales et de 25,8% pour les spécialités chirurgicales). Toutefois, 4 spécialités sont en souffrance : la rhumatologie (-10,3% depuis 2009), la dermatologie (-7,7% depuis 2009), la chirurgie générale (-24,7% depuis 2009), l’ORL (-7,8% depuis 2009).
L’atlas de démographie médicale (approche territoriale)
Haute Normandie
Basse Normandie
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