François Mitterrand ne s’y était pas trompé en voyant en Pierre Mendès France, malgrè leurs desaccords, « un de ceux dont on sait dans la nuit et l’incertitude qu’ils ouvrent le chemin ». Un homme qui a marqué, comme quelques hommes d’État, notre histoire contemporaine. Il en subsiste d’abord
le souvenir d’une brève période tranchant avec la succession rapide des gouvernements d’une République, la Quatrième, dont la faiblesse ne put résoudre le drame algérien, d’une personnalité atypique qui avait suscité des espoirs finalement sans lendemain. Mais les conditions de l’appel à De Gaulle en mai 1958, dont il avait été le ministre pendant la guerre, l’opposèrent à celui-ci, autant qu’aux institutions qu’il mit en place avec la création de la Ve République et auxquelles, en républicain fidèle de tradition parlementaire, il refusa toujours de participer.
« C’est à nous de fatiguer le doute du peuple par la persévérance de notre dévouement », disait Jaurès. Cette citation était une des préférées de Pierre Mendès France. Elle illustre de façon éloquente le lien particulier qu’il avait su établir avec les Français et permet de comprendre sa place privilégiée au sein de notre Panthéon national. Infatigable pédagogue de la citoyenneté, il avait su associer le peuple à sa conception exigeante de la démocratie.
Guidé dès son entrée en politique par un souci de justice sociale et de progrès, porté par le sens de l’intérêt général, il disait ce qu’il faisait et faisait ce qu’il disait. La mémoire collective garde à juste titre le souvenir d’une référence morale. Pierre Mendès France incarnait tout à la fois, raison, rigueur, pragmatisme et franchise envers les électeurs.
On doit à Françoise Chapron, chercheure à l’Université de Rouen, dans « Pierre Mendès France, La République en action » (éditions Infimes) , cette synthèse issue de ses recherches universitaires, de suivre le parcours de cet homme d’action au travers de son engagement politique dans l’Eure pendant près de trente années et au-delà dans le cadre de ses fonctions ministérielles. On y découvre un grand républicain dont l’action ne doit pas se résumer à ce gouvernement singulier de 7 mois et 17 jours en 1954.
Dans la préface de Michel Mendès France, fils de Pierre Mendès France : « Françoise Chapron développe avec l’enthousiasme qu’on lui connaît, une approche didactique de la vie de mon père, un visionnaire doté d’une force de conviction exceptionnelle et d’un courage inhabituel. »
Ce livre nous permet de redécouvrir le message politique de Pierre Mendès France, un message qui n’a jamais été autant d’ actualité
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