Un Président d’extrême droite en Autriche évité de justesse : et après !

Flag_of_Austria_state_svg-150x150Après le dépouillement des votes par correspondance au second tour,  Alexander Van der Bellen, candidat indépendant de 72 ans soutenu par les écologistes, l’emporte au terme d’un scrutin très serré : il a été élu avec 50,3% des voix, totalisant 31.026 votes d’avance sur son concurrent. Au premier tour, le 24 avril, Norbert Hofer était arrivé largement en tête avec 35% des voix contre 21% pour Alexander Van der Bellen. L’Europe respire ! pour combien de temps ?

L’élection de Norbert Hofer , issu de l’extrême-droite (FPÖ), à la Présidence Autrichienne aurait été un véritable coup de semonce pour les 27 pays européens . On n’est passé pas loin , mais après ? Les raisons de cette situation demeurent ! Au-delà des débats sur  les véritables pouvoirs du président en Autriche, la charge symbolique de cette situation  est particulièrement lourde.

On pourra toujours dire que c’est une élection dans un contexte particulier, avec un candidat vert, qui lui était opposé, sympathique, mais sans charisme . Le résultat s’est inversé par rapport au 1er tour grâce au vote des expatriés qui vivent bien sur autrement la question migratoire, et au sursaut d’un certain nombre d’électeurs des partis éliminés, refusant le Ni-Ni!.

Le déroulement des évènements  montre qu’ une telle élection n’est plus une hypothèse invraisemblable  dans un état démocratique, dans un contexte de montée du populisme, renforcée par la crise migratoire .

Certes l’absence d’un « front républicain », d’un appel de toutes les forces démocratiques , éliminées au premier tour, pour faire barrage, n’a pas été de nature a clarifié la situation :   la « normalisation » de l’extrême droite est rentrée dans les faits !

Le phénomène majeur est bien le rejet , dès le premier tour, des deux grands partis, conservateurs (ÖVP) et social-démocrate (SPÖ), qui cohabitent depuis 1945, dans un entre soi paralysant . Ces deux familles ont pourtant occupé tout l’espace politique, avec un réel enracinement populaire, pendant des décennies. Mais elles ont sans doute surtout préservé leur domaine , et l’usure du pouvoir les a progressivement éloigné du pays réel.

Le système proportionnel a d’ailleurs faciliter ce système de cohabitation peu propice à des choix clairs et aux débats nécessaires pour faire émerger des solutions nouvelles.

 La  gestion locale parfois calamiteuse de l’extrême droite (dettes énormes, corruption..) comme celle qu’a connu certaines régions avec Jorg Haider, pour en montrer les dangers, n’a pas non plus pesé.

 Cette élection  montre aussi que les invectives, les postures morales de la gauche autrichienne sont  de peu d’ effet sur l’électorat, surtout , quand dans le même temps, elles accompagnaient des alliances électorales contraires, pour préserver son pouvoir.

Je ne crois pas non plus que le changement soudain , quelques jours avant les élections, du chancelier (notre Premier Ministre ) ait été de nature , à ouvrir des perspectives nouvelles ; il s’inscrit plus dans une logique de préservation du pouvoir à tout prix !

De la même façon, la course de la gauche  après les idées d’extrême droite en matière d’accueil des réfugiés, ne lui a rien rapporté : la surenchère des positions des sociaux-démocrates sur l’extrême droite à propos du « renvoi des migrants » a plus perturbé l’électorat que convaincu les électeurs « égarés » à l’extrême droite. “L’opportunité d’une alliance avec l’extrême droite au niveau fédéral” que certains semblent prêt à mettre en œuvre à gauche n’est pas non plus de nature à rassurer !

La gauche française a sans doute beaucoup à apprendre de cette élection autrichienne même si bien sur les contextes politiques sont toujours spécifiques : le changement dans les pratiques politiques, l’élaboration d’un programme réaliste mais offensif, loin des illusions auxquelles l’électeur ne croit plus, l’affirmation de valeurs auxquelles on croit, bref un retour  au pays réel, sont indispensables pour ne pas connaître une situation semblable en 2017 ! C’est un changement profond auquel on peut , peut être, encore croire !

Sur le contexte de ces élections , voir mon billet du 15 avril

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