Juin 01

Le Brexit : débattre d’ économie ou d’immigration, avec l’illusion du modèle Suisse !

brexit- La société française d’assurance-crédit Euler-Hermes a publié  une étude sur l’impact d’un Brexit sur les économies européennes. Six pays, dont la France, seraient particulièrement touchés. De leur côté, les partisans d’une sortie surfent sur les nouveaux chiffres de l’immigration au Royaume-Uni.  » l’analyse ne se contente pas d’évaluer l’impact – désastreux – d’une sortie du Royaume Uni sur l’économie domestique. Elle propose aussi une estimation du contrecoup d’un Brexit sur les économies européennes »

Ce dernier estime ainsi que les pertes d’exportations de marchandises de la zone euro vers le Royaume-Uni pourraient atteindre jusqu’à 20 milliards d’euros entre 2017 et 2019 et jusqu’à 3,6 milliards d’euros pour les exportations de services. Les investissements des entreprises britanniques vers la zone euro diminueraient quant à eux de 18,2 milliards d’euros.

Les Pays-Bas, l’Irlande et la Belgique seraient les trois pays les plus touchés à cause de l’exposition de leurs exportations au Royaume-Uni et de leurs investissements croisés..

En valeur, c’est l’Allemagne qui pourrait le plus en pâtir et pour Der Spiegel,  « les exportateurs allemands [sont] menacés de faillites en cas de Brexit ».

La France risquerait de voir son économie directement affaiblie .Le Brexit pourrait aussi conduire à un désinvestissement des entreprises françaises au Royaume-Uni, et des entreprises britanniques en France.

Des risques suffisamment importants, donc, qui ont conduit les dirigeants européens à se préparer à l’éventualité d’un tel scénario. « Des discussions informelles seraient (…) en cours au sein des institutions européennes » sur ce point, note Euronews. François Hollande et Angela Merkel, plus que de renforcer la zone euro, verraient d’un bon œil plus de « coopération en matière de sécurité et de défense » en cas de sortie : une initiative moins controversée et qui ne concernerait pas que les 19 membres de la zone euro.

Mais c’est bien le Royaume Uni qui serait le plus directement et le plus durement touché s’il venait à sortir de l’UE, poursuit l’étude d’Euler Hermes. « Le pays perdrait (…) accès à 58 pays avec lesquels l’UE a accepté d’éliminer ou de diminuer fortement les droits de douane. Les relations commerciales devraient être totalement redéfinies. Or « ce type d’accord est extrêmement difficile et complexe à négocier’, selon le directeur général de l’OMC Roberto Azevedo. ‘Et très fastidieux.' »

  Cette succession d’études « plus pessimistes les unes que les autres, dénoncées par le camp du départ comme de la propagande, semble cependant commencer à porter des fruits : à mesure que l’on se rapproche de la date du référendum, le 23 juin, les partisans du maintien du Royaume Uni dans l’Union gagnent, peu à peu, du terrain.  Depuis des mois, toutes les institutions britanniques, mais aussi internationales, le répètent : un Brexit coûterait cher en termes de croissance..

Les dirigeants du G7 ont à nouveau tiré la sonnette d’alarme à l’issue de leur sommet au Japon  : « Une sortie du Royaume-Uni de l’UE renverserait la tendance à une expansion du commerce mondial et de l’investissement, ainsi que des emplois qu’ils créent, et elle serait un nouveau risque pour la croissance », écrivent-ils dans leur déclaration finale .

 S’ il est juste de penser que des personnes perdront leur emploi, particulièrement dans la construction, la finance ou le tourisme, que les salaires vont baisser tout comme les prix de l’immobilier, d’autres avancent que le Brexit peut au contraire « libérer la prospérité du Royaume-Uni »….mais sans argument tangible !

 Le camp du « départ » a aussi choisi d’axer sa campagne sur l’immigration plutôt que sur l’économie. Les derniers chiffres de l’Office national de la statistique, publiés hier, font état d’un solde migratoire de 333 000 entrées. Un chiffre « tout près du record sur 12 mois enregistré depuis le début du suivi statistique en 1975 », note Challenges.

 Pour les partisans du Brexit, les Britanniques pourraient mieux contrôler les flux migratoires en sortant , mais il est difficile d’imaginer  que les questions liées à l’immigration  pourraient  être résolues par la sortie d’une Union extrêmement favorable à l’économie britannique. Selon Euronews, c’est une « main d’œuvre indispensable » et «  grâce à la libre circulation des personnes dans l’Union, une main d’œuvre est-européenne bon marché est venue combler un vide ».

Autre thème rebattu par les partisans du Brexit : « l’impeccable modèle suisse devrait inspirer la Grande-Bretagne » mais « Bruxelles a déjà dit que l’accès aux marchés financiers de l’Union, stratégique, [est] toujours fermé aux Suisses », que « Berne verse aussi une contribution importante à l’Union [et] doit accepter ses décisions, alors qu’elle n’a pas voix au chapitre » et ne parle pas des « difficultés que traverse un pays relativement isolé en période de turbulences ».

Nostalgie d’un  Royaume-Uni du XIXe siècle ,  où le pays dominait la planète…. Une conception finalement en vogue  souvent ailleurs en Europe… !!!

En complément trouvez ici la note approfondie de la Fondation Robert Schuman     sur la situation des deux « camps  » à un mois du référendum, ainsi que le dossier sur les relations entre la Grande Bretagne et l’Europe

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