Rocard, ce grand homme de gauche, qui m’a tant appris!

dans le bureau de RocardAvec le décès de Michel Rocard, c’est une très grande figure de la gauche qui s’en va. Mais c’est pour moi le départ de celui qui m’a amené à la politique et m’a beaucoup appris : une façon pour moi de lui rendre hommage.

Ce fut d’abord le combat pour la décolonisation et contre la guerre d’Algérie, et les positions courageuses qu’il prit , qui amène le jeune lycéen que j’étais à s’intéresser à la politique . Mais il me montre en même temps, l’impérieuse nécessité du renouveau de la gauche face à une SFIO décadente , prise dans son double discours “gauchiste ” dans l’opposition , “droitière” au pouvoir . Sa volonté de “parler vrai ” comme son souci d’une certaine morale en politique achèvent de me convaincre de le rejoindre.

En 1968 , il veut a la fois s’inscrire dans mouvement social, partager l’enthousiasme de l’ouverture de la société , mais aussi s’opposer à toutes formes de violences que beaucoup de pays partagent alors. Responsable des étudiants du PSU pour les grandes écoles, je partage ses engagements , le côtoie au siège du PSU, tout en mesurant déjà les difficultés de rassembler pour agir.

Comme Député élu en 1988, je partage avec lui les grandes réformes qu’il engage, malgré l’absence d’une majorité à l’assemblée nationale : accords sur la Nouvelle Calédonie, mise en place du RMI, de la CSG pour ne pas limiter le financement de la protection sociale aux seuls revenus du travail, première loi sur le financement des campagnes et des partis….Il restera un des premiers ministres les plus populaires de la Vème République .

Au sein du parti socialiste , combien de combats communs au plan local avec Pierre Bourguignon, au sein du club “politique en liberté”, comme au plan national, pour faire entendre ce besoin de vérité et de renouveau, qui le caractérisait tant ; les congrès de Metz , de Valence, de Rennes, ….restent des moments forts de combat partagé. Il était convaincu de la nécessité du débat mais aussi du compromis, du dialogue social car il connaissait les limites du politique pour “changer la vie ” , de la réforme plus que de la rupture : “convaincre” , plus qu’imposer, était son objectif !

Je partagerai avec lui bien des convictions sur l’économie , sur le marché et son aveuglement sur le long terme, sur l’entreprise qu’il ne considérait pas comme un “gros mot”,….Sur la décentralisation, dont il avait fait, dès ses premiers engagements, un combat essentiel , en voulant “décoloniser la province”… Sur l’Europe dont il était un ardent partisan, par passion et par raison ….

Michel Rocard était une référence à gauche, en France et dans le monde. C’était un homme qui savait concilier l’action et la réflexion , qui débattait avec conviction mais sans sectarisme. Sa vivacité d’esprit , sa simplicité émerveillaient tous ceux qui le croisaient . Ses tous derniers interviews témoignent de cette présence qu’il avait encore récemment .( testament de Rocard Le point juin 2016

Avec sa disparition, c’est une page qui se tourne . Il fait partie de cette grande lignée des hommes de gauche qui ont marqué l’histoire de notre pays .

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2 Commentaires

    • CHATAIGNER sur juillet 3, 2016 à 6:49 pm
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    J’adhère totalement à tout ce que tu exprimes Dominique au lendemain du décès de Michel ROCARD :
    – une grande figure de gauche qui disparaît qui n’a jamais tergiversé sur les valeurs, tout en promouvant une politique réaliste inscrite pour durer, sans complaisance ni reniement.
    – un homme d’action et de réflexion sur tous les sujets du quotidien au plus complexe : économique, :environ -nemental et géopolitique.
    – un homme au parler vrai , sans louvoiement ni arrière pensée politique, dans le sillage duquel je me suis
    toujours reconnu depuis la fin des années 60.

    Après Mendès, c’est l’ homme contemporain de gauche qui m’a le plus motivé en politique. MC

    • Alain Ropers sur juillet 3, 2016 à 7:15 pm
    • Répondre

    Eh oui ! Rocard pensait juste et agissait droit. Il ne s’est jamais renié. Je resterai toujours rocardien comme je le fus il y a quarante ans.

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