Sécurité, éducation, santé… Les personnes interrogées par l’Ifop pour Acteurs publics réclament d’être davantage associées aux décisions des pouvoirs publics. Les citoyens ont largement le sentiment que le pouvoir est confisqué par les élites politiques.
La décision publique en France n’est pas la prérogative d’une seule personnalité, elle s’inscrit dans un cadre législatif et réglementaire dans lequel plusieurs acteurs exercent chacun leur influence pour aboutir finalement à une décision collective. Invités par l’Ifop pour Acteurs publics à se positionner sur cette problématique, les Français semblent regretter la faible contribution des citoyens à cette décision publique et se montrent massivement favorables à l’instauration de mesures leur permettant de prendre une plus grande part dans les choix des pouvoirs publics.
Aux yeux des Français, la décision publique émane aujourd’hui principalement du président de la République et de son gouvernement. Ce sont en effet les détenteurs du pouvoir exécutif (45 % de citations en premier et 66 % des citations au total) qui sont considérés comme disposant du vrai pouvoir de décision sur les sujets qui concernent l’avenir du pays. Ils devancent les institutions européennes (20 %, 44 %) et, à un niveau inférieur, les citoyens eux-mêmes (13 %, 21 %) et les parlementaires (7 %, 29 %), tandis que les autres tenants de la décision publique comme les hauts fonctionnaires (6 %, 17 %) et les organisations patronales (6 %, 12 %) font l’objet de citations plus marginales.
La hiérarchie opérée par les personnes interrogées permet de mettre deux points en évidence. La supériorité du pouvoir national sur les institutions supranationales est d’abord affirmée par les Français, écartant l’impuissance dont pourraient être victimes les institutions nationales par rapport aux institutions européennes. Ensuite, en dépit de l’élection des différents représentants au moyen du vote, les personnes interrogées ne se considèrent pas comme les détentrices principales du vrai pouvoir de décision en France, ce qui reflète un sentiment de confiscation du pouvoir par les élites politiques.
Les différentes mesures proposées pour faciliter l’acceptation citoyenne de la décision publique sont dans cette perspective vivement sollicitées par les Français. Chacune d’entre elles recueille en effet plus de trois quarts d’opinions favorables. Les plus populaires sont celles visant à bien préparer les décisions avec des études d’impact en amont et des évaluations régulières ensuite (92 %), à renforcer la transparence lors du processus de décision (91 %), à durcir les règles déontologiques concernant les experts qui aident les politiques à la prise de décision (90 %) ou à limiter le nombre de mandats que peut effectuer une personnalité dans une fonction politique (89 %).
S’il est perçu favorablement lui aussi (79 %), l’accroissement des pouvoirs des collectivités locales figure en dernière position de la hiérarchie. Les mesures telles que le renforcement de la transparence lors du processus de décision et a fortiori la limitation du nombre de mandats que peut effectuer une personnalité dans une fonction politique apparaissent en outre comme celles recensant le plus de relais dans l’opinion publique (49 % de réponses “oui, tout à fait” pour la première ; 59 % pour la seconde).
En parallèle de cette volonté de faciliter l’acceptation citoyenne de la décision publique, émerge le souhait des Français d’être davantage associés à la production législative ou réglementaire de manière générale. Les personnes interrogées déclarent très majoritairement qu’elles souhaitent prendre part aux décisions dans l’ensemble des domaines évoqués, l’éducation en tête (88 %, dont 41 % de réponses “oui, tout à fait”).
Dans le contexte actuel où la sécurité et les problématiques socioéconomiques sont les préoccupations majeures des Français, se font jour des attentes différentes dans ces deux domaines. Le souhait d’être davantage associé aux décisions des pouvoirs publics dans le domaine de la sécurité s’avère particulièrement fort : 86 %, dont 48 % de réponses “oui, tout à fait”, soit le plus haut niveau mesuré. Il est a contrario moins élevé dans le domaine du développement économique (82 %, dont 30 % de réponses “oui, tout à fait”), faisant état d’une plus grande humilité des personnes interrogées dans ce domaine, dans lequel elles se considèrent moins expertes.
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