Le cycle démocratique, vieux de deux siècles, est-il arrivé à son terme? On pourrait le penser à en juger par les signes inquiétants que constituent la poussée des populismes, la défiance des citoyens, la montée de l’abstention électorale. Et si la démocratie telle que nous la connaissons se révélait en fin de compte inadaptée aux conditions sociales nouvelles créées par la mondialisation? Telle est l’interrogation que poursuit le philosophe Italien Raffaele Simone dans son livre « si la démocratie fait faillite ».
La démocratie, explique-t-il, repose sur une série de «fictions» – la liberté, l’égalité, la souveraineté, la majorité – qui vont contre la «politique naturelle» à base d’inégalité et de rapports de force. Avons-nous encore les moyens de domestiquer ces données? Ou bien ne sont-elles pas irrésistiblement ramenées par un ensemble de facteurs qui vont des illusions mêmes produites par les fictions démocratiques aux évolutions du capitalisme et au règne des médias? Vers quel modèle politique ces tendances puissantes nous dirigent-elles?
Pour lui, “la modernité est sous l’emprise du pouvoir capitaliste planétaire”, un système qui est à la fois “monstrueux mais doux”. La montée des populismes, il l’avait prévue et analysée : Trump d’un côté, Poutine de l’autre. D’ailleurs il évoque aussi le “poutinisme”, où “les gens sont prêts à renoncer aux libertés politiques pour la liberté économique”.
Raffaele Simone estime aussi que les politiques “ont tout fait pour perdre le contact avec la réalité des gens”, les poussant à ne plus voter, à se désintéresser du monde politique. Dans ce domaine, “l’Italie est un laboratoire, malheureusement, pour des figures douteuses, redoutables et pas toujours positives”.
Un livre de 272 pages, Trad.uit de l’italien par Gérald Larché, et publié dans la Collection Le Débat, chez Gallimard
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1 Commentaire
Bonjour Monsieur Gambier,
‘ ont tout fait pour perdre le contact avec la réalité des gens ”
Ils sont hors sol pour reprendre une expression à la mode.
Tout est dit.