Face aux rumeurs, la bonne utilisation des réseaux sociaux est un véritable enjeu éducatif

Le numérique est un enjeu par rapport à l’exclusion sociale, par rapport à l’emploi mais aussi par rapport à l’éducation ; dans les crises internet et les réseaux sociaux peuvent apporter des réponses ou les amplifier ; merveilleux outils d’information, ils peuvent être aussi de redoutables outils de désinformation. Chaque jour, que ce soit à son domicile, sur son lieu de travail ou à la plage, en consultant nos e-mails, en répondant au téléphone ou en se baladant sur le web, nous absorbons d’immenses quantités de données. Maitriser  la qualité de ces  données devient un véritable enjeu !

 Facebook, YouTube, Twitter et toutes sortes de sites sites regorgent de fausses informations, des fake news, alors qu’Internet est le canal d’information préféré des jeunes, et parfois même le seul ! L’école réagit, mais c’est aussi aux parents de s’y mettre…

Selon une étude de 2016 de l’Université de Stanford réalisée sur 7804 ados américains, 82% d’entre eux n’arrivent pas à faire la distinction entre un texte publicitaire référencé «contenu sponsorisé», et un article d’enquête publiés sur le même site. Tandis qu’une étude de l’organisme Common Sense Media réalisée sur 900 enfants âgés de 10 à 18 ans établit que 31% ont relayé une fake news au cours de six derniers mois. Plus alarmant, 39% préfèrent aujourd’hui s’informer sur Facebook et YouTube plutôt que sur un média traditionnel.

La Vie sociale est inondée de telles informations fausses ou non vérifiées !

 L’ouragan IRMA sur Saint Martin, en  a encore donné une belle démonstration

«Des cadavres qui flottent dans les rues», «plus de 1 000 morts», «A Baie orientale il y a des coups de feu toute la journée et toute la nuit, ils tuent tout le monde», « Il y a beaucoup de corps qui ont refait surface dans la mer. Les gens se battent dans les rues, se donnent des coups de machette […].», « plus de 500 morts auprès de l’hôpital de Marigot, qui n’existe plus lui non plus. Dans les rues, sur les plages, les corps ils flottent partout, on est à plus de 1 000 morts, c’est certain.» La femme, qui n’était pas sur Saint-Martin au moment de la catastrophe, affirme qu’«ils ont braqué le poste de douane, ils ont récupéré les armes», « braquage de la gendarmerie de La Savane,  et pillage de son armurerie », « air France en a profité pour augmenter ses tarifs…..et même La sous-préfète de Saint-Martin s’est  « enfuie de l’île »… Ces témoignages délirants se sont succèdés  avec le passage de l’ouragan sur l’île.

Plusieurs voix se sont élevées pour opposer la gestion des deux parties de l’île de Saint-Martin : « Regardez du côté hollandais, il n’y a pas d’émeutes, de pillages, les mesures anticipatrices ont été prises », a affirmé le député FN Gilbert Collard , avec un culot particulier !

Lors des élections Présidentielles, nous avions connu les mêmes phénomènes.

Selon la rumeur, Emmanuel Macron serait en couple avec le PDG de Radio France. Il chercherait à imposer un loyer aux propriétaires. Le candidat socialiste a été accusé pêle-mêle d’être “le candidat des Frères musulmans”, “soutenu par Alain Soral”, “très riche”, “gay” et/ou “juif”…

Dans les débats politiques, toute hypothèse devient certitude, avant décision si cela peut faire peur !  Pas facile de faire vivre la démocratie dans ce contexte ou la transparence peut devenir faiblesse

Les Confusions entre tribune d’opinion, édito et article, sont fréquentes

L’auteur de la tribune anti-Macron   au «New York Times»… n’est ni journaliste, ni lepéniste comme le souligne Libération

Mais certains journaux relaient sans hésiter :”Un président français raté” : le New York Times flingue Emmanuel Macron» peut-on ainsi lire sur RTL. Le Point fait aussi le raccourci et titre : «Le New York Times accable Emmanuel Macron» (avant de changer son titre). Vanity Fair et BFM confondent tribune et édito. Le premier titre ainsi «Le New York Times assassine Emmanuel Macron dans un édito» (le titre a depuis été changé) et le second: «”Président raté”, “ego démesuré”: l’édito du New York Times qui assassine Macron» avant là encore de changer son titre.

Ceci à l’heure où le président des États-Unis, lui-même, colporte des fake news avec un aplomb inédit,

Inventer une source, facilite le développement de  la rumeur ; une Vidéo donne une incarnation ; on répète en boucle, on copie, on « partage » ; les photos modifiées sont techniquement faciles à faire ; des sites se sont même spécialisés

Des journaux ont mis en place pour « décoder », « désintoxiquer » : Libération , le monde Les décodeurs  , Le figaro a des rubriques  . Créé en 2000, HoaxBuster.com poursuit un objectif : mettre un terme à la propagation des hoax et des rumeurs en circulation sur le web francophone !

 «L’éveil à l’esprit critique » par rapport à l’information est un véritable enjeu : L’académie de Versailles présente sans sa rubrique “La presse et les médias à l’école” un exemple d’activité pédagogique (niveau 4ème-3ème) pour distinguer rumeur et information.

“Quelle est la différence entre une rumeur et une information ?
C’est précisément au journaliste qu’il incombe tout particulièrement d’établir la différence entre les deux.

Didier Heiderich, dans « Rumeur sur Internet : Comprendre, anticiper et gérer les cybercrises »  , éditions village mondial,  analyse les mécanismes de diffusion des crise par le web, leur impact sur le monde réel, l’ « effet papillon » à l’origine de crises foudroyantes et l’influence de la mémoire d’Internet sur la réputation des organisations. Il propose une méthode de diagnostic qui permettra aux entreprises de définir une stratégie appropriée à la situation en se posant les bonnes questions : répondre ou non en ligne ? mettre en place un site de crise ? sous quelle forme, etc. Abondamment illustré d’exemples puisés dans l’actualité, ce livre conjugue à la fois une réflexion passionnante sur la révolution Internet et une véritable méthode d’action en cas de crise.

 

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