Malgré le sentiment de vivre dans un territoire délaissé, les habitants ne veulent pas en partir

Près d’un Français sur trois partage un sentiment de « délaissement territorial ». C’est ce que relève une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), menée sur un échantillon représentatif de 2 000 personnes.et intitulée « LES FRANÇAIS ET LEURS TERRITOIRES : VECUS ET ATTENTES VIS-A-VIS DES POUVOIRS PUBLICS »

Selon cette dernière étude rapportée par l’AMF, 20 % des Français ont ainsi « plutôt » le sentiment de vivre dans un territoire délaissé des pouvoirs publics alors que 8 % de la population en est même « convaincue ».

A l’inverse, 39 % des Français ne considèrent « plutôt pas » habiter dans un territoire délaissé et 33 % « pas du tout ». Reste que la grande majorité des Français porte un regard positif sur son territoire puisque près de 90 % d’entre eux se disent « satisfaits », voire « très satisfaits » de leur cadre de vie quotidien.

Près des trois quarts des Français estimant vivre dans un territoire délaissé ont, d’ailleurs, un très fort attachement à celui-ci, autant que l’ensemble de la population.

Le sentiment de délaissement est, toutefois, particulièrement prégnant dans les communes éloignées des grands pôles urbains et notamment dans les communes isolées (45 %) ou des communes situées dans des petites ou moyennes aires urbaines (44 %). Ce sentiment est d’autant « plus fort que les personnes vivent dans un département où la pauvreté monétaire et le chômage sont élevés », explique le Crédoc.

« Contrairement à ce que l’on aurait pu penser », note le centre de recherche, les habitants qui résident au sein des quartiers prioritaires de la politique de la Ville ne se sentent pas plus délaissés que la moyenne. « Peut-être parce qu’ils ont conscience de vivre dans un territoire qui bénéficie d’une action renforcée de la part des pouvoirs publics » et qu’ils vivent « à proximité des grandes agglomérations », indiquent les enquêteurs.

Par ailleurs, ce sentiment de délaissement impacte davantage les plus pauvres (36 %), les non-diplômés (33 %) et les chômeurs (39 %), y compris quand ils vivent dans les territoires les plus riches.

Si, de manière générale, ce sont les jeunes et les locataires qui sont nettement plus enclins à envisager de déménager dans une autre commune, les personnes estimant vivre dans un territoire délaissé pensent plus que les autres (39 % contre 22 %) qu’il serait « plus facile » pour eux de mener à bien leurs projets de vie s’ils vivaient dans une autre ville, un autre département ou une autre région. Cependant, ils ne sont pas davantage prêts à franchir le pas que le reste de la population.

En cause : les freins à la mobilité qui restent importants et nombreux pour les personnes en situation fragile. Beaucoup ne disposent pas de l’épargne nécessaire pour faire face aux frais de déménagement ni de réseau relationnel sur lequel s’appuyer pour s’installer ailleurs et trouver un emploi.

A choisir, finalement, ces Français (77 %), comme l’ensemble de la population (75 %), attendent davantage de la part des pouvoirs publics le développement de leur territoire en termes d’emplois (44 %), de santé (40 %), de transports (37 %) et de services publics (33 %) que des aides à la mobilité. Une dernière option privilégiée par moins d’un quart des répondants à l’enquête.

Ces résultats viennent corroborer ceux d’une récente enquête du commissariat général à l’égalité des territoires (CGET) qui relevait, là aussi, qu’une grande majorité des habitants estimant vivre dans un territoire en « grande difficulté » préféraient que les pouvoirs publics s’occupent de ces territoires plutôt que d’en changer pour réaliser leurs projets de vie

Télécharger l’étude.

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