On avance vers l’Europe de la défense ?

Vingt-trois Etats européens se sont mis d’accord pour mettre en place une coopération renforcée en matière de défense. Doit-on y voir un “moment historique pour la défense européenne” ?

Cet engagement dans une coopération militaire renforcée, dans le développement d’armements ainsi que dans les opérations extérieures, devrait être entériné officiellement en décembre lors d’un Conseil européen.

Seuls le Portugal, Malte, l’Irlande et le Danemark n’ont pas pris part au projet, mais Dublin et Lisbonne devraient rejoindre ultérieurement ce projet.

Le Royaume-Uni qui toujours été   opposé à toute armée européenne, s’est mis en dehors de ces discussions, en raison du Brexit.  Le journal Le Monde rajoute que Boris Johnson, fervent partisan du Brexit, a même déclaré qu’il s’agissait d’une “idée prometteuse”.

Cette coopération structurée permanente   vise tout d’abord à développer des projets “industriels communs (drone, avion de combat)”, dont une cinquantaine seraient actuellement sur la table mais devraient voir leur nombre réduit d’ici le lancement officiel.

Les Etats, dans le cadre d’un engagement qui devrait être “juridiquement contraignant”, ont décidé d’augmenter régulièrement leurs budgets de défense en consacrant 20% des dépenses de défense à l’investissement et 2% à la recherche.  Il y a aura, par ailleurs ,la possibilité de mener des actions conjointes, notamment pour le soutien médical ou la logistique, en passant par des projets de formations croisées.

Concrètement, pour le développement de projets industriels il s’agit de “faire des économies d’échelle” alors que l’industrie de la défense européenne est jusqu’à présent “trop fragmentée par rapport à la concurrence américaine.

L’Allemagne, l’Espagne, la France et l’Italie sont les “principaux moteurs de cette initiative”. Cependant,  l’idée française,  tournée vers la participation à des missions potentiellement risquées, n’a pas été retenue.  Elle voulait développer une structure stratégique commune entre des États qui auraient toutes les aptitudes pour intervenir dans des conditions de déclenchement extrêmement rapides.

La coopération structurée permanente sera aussi inclusive que possible, au détriment de son contenu car l’Allemagne souhaitait avant tout faire participer le plus grand nombre de pays…mais c’est une étape ?

Même le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders, qui se félicite pourtant d’une “avancée la plus spectaculaire que l’UE ait jamais connue en matière de Défense», met ainsi en garde : “il ne faudrait pas que ce soit comme les battlegroups [groupements tactiques européens instaurés en 2004] qui ont été mis en place il y a déjà pas mal de temps et que l’on n’a pratiquement jamais utilisés parce que ce n’était jamais le bon moment, le bon endroit ou les bonnes circonstances” .

A priori, les facteurs favorables à une relance de la défense dans le cadre de l’Union européenne sont réels et solides. Il y a d’une part la dégradation continue de l’environnement stratégique de l’UE : l’Union se trouve en effet confrontée à des crises durables, multiples, sans solution évidente ni rapide.

Par ailleurs la série des chocs politiques de 2016 s’ajoutent à cet environnement : le Brexit, l’élection de Donald Trump confirme la nécessité urgente pour les Européens d’assurer davantage leur autonomie stratégique, La poussée de l’europhobie au sein des opinions publiques qui font   de la sécurité une priorité politique et exigent des résultats visibles sur la protection des frontières, la lutte contre le terrorisme.

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