Les médias ou les partis politiques s’agitent beaucoup sur le remaniement gouvernemental, ses difficultés supposées, ses délais trop longs, ou encore le vide que créerait le départ du Ministre de l’intérieur.
Ce n’est pas ma préoccupation d’évoquer ici ces circonstances mais je voudrais simplement ici rappeler quelques précédents, afin de relativiser beaucoup de commentaires.
Après la démission de Gérard Collomb, le Premier ministre Édouard Philippe a été nommé ministre de l’Intérieur par intérim. La Constitution prévoit en effet qu’un Premier ministre, ou un ministre, prenne un autre ministère en charge pour un certain temps après que le chef du gouvernement ait contresigné un décret présidentiel.
Depuis 1958, quatre Premiers ministres se sont retrouvés dans cette situation.
- Ce fut le cas de Michel Debré, sous la présidence de Charles de Gaulle , qui avait dû remplacer André Boulloche (Ministre de l’Education Nationale démissionnaire suite à un désaccord ), pendant un mois, entre décembre 1959 et janvier 1960.
- Raymond Barre, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, a dû cumuler deux postes, pendant plusieurs mois. Il était à la fois chef du gouvernement et ministre de l’Économie et des Finances entre août 1976 et mars 1978.
- Pierre Bérégovoy, Premier ministre de François Mitterrand, a remplacé son collègue Pierre Joxe à la Défense pendant vingt jours, démissionnaire après sa nomination en tant que premier président de la Cour des comptes.
- François Fillon plus récemment, est devenu ministre du Développement durable, des Transports et du Logement pendant deux mois et demi, après la démission de Nathalie Kosciusko-Morizet
En 2011, sous la présidence Sarkozy, cinq départs de Ministres ont lieu en un an : démission de Georges Tron, après la révélation de plaintes le visant pour agression sexuelle, de Joyandet, épinglé par Le Canard, en mars, pour avoir loué un avion privé au rondelet tarif de 116 500 euros et après des révélations sur un permis de construire illégal pour agrandir sa maison de Grimaud (Var), de Blanc pour s’être fait offrir par l’Etat 12.000 euros de cigares en dix mois, de Woerth, grillé par l’affaire Bettencourt, quitte le gouvernement à l’occasion d’un remaniement , et enfin de MAM débarquée à cause de l’ami du jet tunisien
Faut-il enfin rappeler les « démissions » de 11 ministres sous Hollande, avec lequel nous avons connu 15 remaniements.
Deux ministres ont préféré reprendre des responsabilités locales plutôt que de poursuivre leur travail dans les hautes sphères de l’Etat. Carole Delga, ancienne secrétaire d’Etat chargée du Commerce, s’est portée candidate à la présidence de la région du Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et a donc dû quitter ses fonctions le 17 juin 2015
Le second est François Rebsamen. Il a quitté le 19 août son poste de ministre du Travail pour le rôle de maire de Dijon.
Il y a ensuite les départs pour cause « d’affaires ».Le 19 mars 2013 le ministre du Budget Jerôme Cahuzac est contraint à la démission trois heures après l’annonce par le Parquet de Paris de l’ouverture d’une information judiciaire pour blanchiment présumé de fraude fiscale.
Le 31 mars 2014, la ministre déléguée à la Francophonie Yamina Benguigui, soupçonnée d’avoir menti sur sa déclaration de patrimoine, n’est pas reprise dans le gouvernement de Manuel Valls formé suite aux municipales.
Le 4 septembre 2014, neuf jours seulement après sa nomination, le secrétaire d’État au Commerce extérieur, Thomas Thévenoud, démissionne du gouvernement Valls, après avoir reconnu des « retards de déclaration et de paiement » au fisc.
Le 21 novembre 2014, le secrétaire d’État aux Anciens combattants Kader Arif, cité dans une enquête pour favoritisme, présente sa démission au président Hollande, quelques heures après l’annonce d’une perquisition à ce sujet, dans un service du ministère de la Défense.
Enfin on ne peut oublier les départs « pour désaccord » ; Christiane Taubira, pour qui, la déchéance de nationalité a été le débat de trop, après trois années émaillées de désaccords avec la ligne de François Hollande. Mais il faut aussi rappeler Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, ou encore Aurélie Filipetti qui avaient eux aussi quitté leurs ministères respectifs du fait de leurs divergences avec la ligne, notamment économique. Enfin Delphine Batho qui avait critiqué le budget alloué à son ministère de l’Ecologie,a été limogée de manière expéditive le jour même de ses critiques.
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