La situation au Venezuela est explosive et les récentes manifestations en attestent. À qui appartient la légitimité ? Quel rôle joue l’Europe ? une situation complexe qu’il faut essayer de démêler.
Depuis plusieurs années, les difficultés de ce pays qui a trop vécu sur la manne pétrolière, s’enfonce dans une crise profonde : exode massif , famine, hyperinflation, insécurité… Quelques chiffres : contraction du PIB de 40%, inflation à 33 000% (juillet 2018), production de pétrole retombée au niveau des années 1950, 87% de la population en situation de pauvreté (2017),… l’ONG américaine Human Rights Watch et son équivalence vénézuélienne Foro Penal ont publié un rapport dans lequel elles dénoncent le fait que des dizaines de militaires vénézuéliens, accusés de conspirer contre le gouvernement, ont été arrêtés et torturés ces dernières années.
En 2015, Juan Guaido a été élu à la tête du parlement, a l’issue d’un scrutin régulier et accepté par tous.
En mai 2018, l’élection Présidentielle de Nicolas Maduro a , au contraire, été marquée par de nombreuses irrégularités , dénoncées par de nombreux observateurs internationaux et aussitôt contestée.
Les États Unis, les Etats Européens et de nombreux pays démocratiques ont refusé de reconnaître comme légitime ce second mandat de Maduro.
Que faire ?
Le 5 janvier, l’Assemblée du Vénézuela a jugé « illégitime » le deuxième mandat de Nicolas Maduro. La constitution du Venezuela, en cas de défaillance du chef de l’Etat donne la possibilité au Président du parlement d’assurer l’intérim …. Qui est, à ce titre habilité à organiser une nouvelle élection présidentielle, et Juan Guaido de déclarer :« « Je jure d’assumer formellement les compétences de l’exécutif national comme président en exercice du Venezuela pour parvenir (…) à un gouvernement de transition et obtenir des élections libres »
Avant, une ultime tentative des plus grands pays européens (France, Espagne, Grande Bretagne, Allemagne, Pays bas, Portugal, Autriche) lance un ultimatum à Nicolas Maduro pour qu’il accepte avant le 3 février, de nouvelles élections présidentielles. Il refuse cet « ultimatum », osant même proposer d’organiser de nouvelles élections législatives !
Le 31 janvier le parlement Européen reconnait Juan Guaido comme Président, comme l’ont fait les USA, le Canada et de nombreux pays d’Amérique latine …. et maintenant 17 pays d’Europe dont la France, la Grande Bretagne, l’Espagne, l’Allemagne ., la Suède. C’est une pression diplomatique supplémentaire, faute d’unanimité européenne, pour appuyer l’initiative diplomatique de l’Union européenne pour trouver une “issue politique, diplomatique et pacifique ».
La Grèce est seule à continuer de soutenir Nicolas Maduro , au même titre que la Russie, la Chine, la Turquie, la Corée du Nord, ou Cuba !
L’Italie reste à l’écart car la coalition au pouvoir est profondément divisée.
La situation ne permet plus de tergiverser si on veut une issue pacifique et démocratique. En effet :
– La situation humanitaire se dégrade et l’aide humanitaire va devenir impossible si l’armée s’y oppose
– L’exode s’amplifie et risque de provoquer une déstabilisation des pays de la région
– Une intervention militaire américaine, même ponctuelle, évoquée par Trump, ne pourrait que créer un vrai séisme, une erreur gravissime
– Le risque est réelle d’accroître encore un peu plus, les divisions internationales
L’Europe a créé un groupe de contact avec les pays d’Amérique Latine, sous la direction du Président Uruguayen pour tenter de faire avancer une issue diplomatique dans ce contexte complexe et très instable
L’ingérence ne doit pas entraver la souveraineté, mais par contre, intervenir avant l’embrasement, local et au-delà : un chemin difficile !
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