L’Observatoire des inégalités, structure associative indépendante, a publié son troisième Rapport sur les inégalités en France la semaine dernière. « Si le modèle social français est loin d’être le plus inégalitaire des pays riches, il ne répond pas à la promesse d’égalité et suscite de très nombreuses frustrations », notent en préambule les rapporteurs. En s’intéressant aux revenus et au patrimoine, mais aussi à l’emploi, aux conditions de travail, à la santé, à l’éducation, à la fracture numérique, à la visibilité dans les médias, le travail illustre ce propos de multiples manières.
Revenus et patrimoine
17% des richesses françaises sont possédées par 1% de la population, note le rapport. Et 10% des ménages se partagent près de la moitié du patrimoine. « L’accumulation engendre une reproduction des inégalités de génération en génération » notent les auteurs. Du côté des revenus, s’il souligne le rôle redistributif des impôts, le rapport constate que 10% des ménages reçoivent 23,8% des revenus. Ces derniers représentent un montant 8,7 fois plus important que les revenus perçus par les 10% des ménages les plus pauvres.
Emploi et conditions de travail
L’Observatoire des Inégalités rappelle que le taux de chômage a atteint avec 8,7% son niveau le plus bas depuis dix ans, mais explique que ce progrès « reflète mal la dégradation du marché du travail » : part croissante de personnes « découragées », travail précaire non souhaité des salariés en temps partiel, en contrat à durée déterminée ou en intérim, phénomènes d’« ubérisation » . En parallèle, le rapport note une hausse des contraintes liées à la « flexibilité » du travail pour une partie des actifs : travail du dimanche, horaires flexibles, intensité du travail.
Santé et espérance de vie
Les hommes les plus riches vivent 13 ans de plus que les hommes les plus pauvres (84,4 ans pour les 5% les plus aisés contre 71,7 ans pour les plus modestes). Cet écart est de 8 ans pour les femmes. Selon l’Observatoire des Inégalités, le phénomène s’explique tant par la pénibilité de certains métiers que par des difficultés d’accès aux soins engendrant des situations de non recours.
Logement
S’appuyant sur les chiffres de la Fondation Abbé Pierre, l’Observatoire rappelle que « 800 000 personnes n’ont pas de domicile personnel » dont 11 000 sont sans abri. Il note que le confort du logement est fortement lié au niveau de revenu et que les familles immigrées sont particulièrement concernées par le mal logement : 26,1% d’entre elles habitent des logements trop petits, soit 3,7 fois plus que les familles non-immigrées.
Niveau de diplôme et éducation
Accès plus difficile à l’emploi pour les personnes non diplômées et les écarts ne font que se creuser avec le temps, les enfants de cadres supérieurs étant 2,9 fois plus nombreux dans les cycles d’études supérieures que les enfants d’ouvriers.
Fracture numérique
Faisant écho à de nombreux constats de CCAS la fracture numérique continue de traverser la société française, du point de vue de l’équipement (seuls 66% des ménages les plus pauvres disposent d’un ordinateur) comme des usages. 93% des cadres supérieurs effectuent aujourd’hui leurs démarches administratives sur internet, mais c’est seulement le cas de 69% des ouvriers et 62% des retraités.
Représentation et représentativité
Constat plus rarement formulé dans un document de ce type, l’Observatoire des Inégalités dénonce une représentation faussée de la population française dans les médias, en particulier à la télévision. Reprenant des données de 2018 du CSA, les auteurs déplorent que « les cadres supérieurs y sont 15 fois plus visibles que les ouvriers dans les œuvres de fiction et les programmes d’information ».
Consultez la synthèse du Rapport sur les inégalités en France, édition 2019 sur le site :
ou bien téléchargez les huit pages de la synthèse complète
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