Le congrès du Parti populaire européen (PPE), qui vient de se tenir à Zagreb, a réuni pendant deux jours les cadres des partis conservateurs et chrétiens-démocrates européens. Ce congrès a élu Donald Tusk comme nouveau président, et révéler bien des débats sur l’avenir et la ligne du premier parti politique européen.
Ressouder le PPE, sera la mission prioritaire de Donald Tusk. Le Polonais, président du Conseil européen jusqu’à la fin du mois et tenu à une certaine réserve diplomatique pendant ces cinq dernières années, se dit désormais prêt à combattre. Succédant au Français Joseph Daul, il devient ainsi le premier président de ce parti issu d’Europe de l’Est.
Le PPE, qui domine le Parlement européen avec ses 182 élus (sur 751), est en crise depuis les élections européennes de mai : après avoir perdu 39 sièges et avoir vu son chef de file, Manfred Weber, échouer à obtenir la présidence de la Commission européenne, le principal groupe de droite doit aussi gérer les tensions Est-Ouest sur l’Etat de droit, le changement climatique et l’immigration
Pour la première fois dans l’histoire du PPE, les parlementaires européens d’Europe de l’Est surpassent en nombre leurs collègues français et espagnols
Les élections de mai 2019 ont imposé une recomposition des rapports de force au sein du premier groupe de l’assemblée, qui glisse inexorablement vers l’Est. La perte de l’influence de la France est notoire avec seulement huit élus, contre vingt en 2014
En Europe de l’Ouest, seule l’Allemagne est encore dirigée par un membre du PPE : Angela Merkel, qui arrive au terme de ses mandats
Donald Tusk veut renforcer sa famille politique face aux centristes du groupe Renew et à Emmanuel Macron, “qui n’a eu de cesse de taper sur le PPE et son ‘immobilisme’ supposé”. Mais il veut en même temps “ranger les querelles et travailler ensemble”, y compris avec les sociaux-démocrates
Les adversaires désignés du PPE se trouvent aussi sur sa droite : il se veut le “seul antidote efficace contre les populistes” alors que l’ancien Premier ministre polonais, n’a lui-même “rien pu faire contre l’évolution de son propre pays vers un régime de type autoritaire »
Le parti du Premier ministre hongrois Viktor Orbán, chantre de l’illibéralisme en Europe de l’Est, est suspendu du PPE depuis mars, mais pour combien de temps car pour certains comme l’ancien Premier ministre slovène Janez Janša, “punir le parti qui, sur l’ensemble du groupe, a le plus de succès, n’aurait aucun sens”,
Un autre point de controverse pourrait par ailleurs venir d’Italie, où Silvio Berlusconi “joue les intermédiaires” entre le PPE, dont il est membre, et la Ligue de Matteo Salvini, aujourd’hui affiliée au groupe Identité et Démocratie (extrême-droite) : “Au Parlement européen, la délégation de la Ligue est divisée entre une aile fidèle à l’alliance avec le Rassemblement national (…) et une autre qui prône un rapprochement avec le PPE pour s’intégrer dans le circuit bruxellois”.
Enfin le PPE a longtemps axé sur la question des migrations ou du terrorisme », fait désormais face à l’extrême-droite qui “fait l’apologie du ‘localisme'”, et du centre où les macronistes avec Pascal Durand et Pascal Canfin ont récupéré la présidence de la commission de l’Environnement »
Au-delà de ce qui a longtemps été qualifié de “populisme vert », Donald Tusk doit désormais clarifier la position de son parti sur le sujet ne serait-ce que parce que c’est aussi un souci de son électorat et que Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne issue du PPE a dû “verdir” son programme, pour parvenir à ce poste.
Mais là encore, le PPE doit ménager l’Est de l’Union, “où les citoyens ont d’autres priorités que l’écologie. L’enjeu y est surtout d’accompagner les coûts sociaux et économiques de la transition, notamment si des mines de charbon doivent fermer”.
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