Législatives en Grèce dimanche : La fin de l’aventure de Syriza, et le départ de Tsipras ?

Nouvelle démocratie s’est imposée lors du scrutin européen avec 33,12% des suffrages devant SYRIZA, qui a recueilli 23,76% des voix. Le Mouvement pour le changement (Kinima allagis, KINAL), parti d’opposition de gauche qui regroupe le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK), le Mouvement des socialistes démocrates (KIDISO), La Rivière (To Potami) et la Gauche démocrate (DIMAR), a recueilli 7,72% des suffrages et le Parti communiste grec(KKE), 5,35% des voix.

Le Premier ministre Alexis Tsipras (Coalition de la gauche radicale, SYRIZA), devancé par le principal parti d’opposition, Nouvelle Démocratie (ND), déclarait aussitôt : “Je ne peux pas ignorer ce résultat. C’est au peuple de décider et je vais donc demander l’organisation d’élections législatives anticipées”. Il avait fait de ces scrutins un référendum sur l’action de son gouvernement.

La participation aux scrutins a été plus élevée que prévue (elle est obligatoire en Grèce). L’écart entre Nouvelle Démocratie emmené par Kyriakos Mitsotakis et SYRIZA est le plus important jamais enregistré lors d’élections dans la péninsule hellénique depuis le retour du pays à la démocratie en 1981.

 Lors des élections régionales et municipales  du  2 juin, Nouvelle Démocratie a remporté 12 des 13 régions du pays dont la plus étendue, l’Attique, qui entoure Athènes et qui était gouvernée par SYRIZA depuis 2014. Seule la Crète reste dans les mains des forces de gauche (alliance de la Coalition de la gauche radicale et du Mouvement du changement).

 “La principale raison du succès de Nouvelle Démocratie réside dans le fait que les Grecs avaient placé beaucoup d’espoir dans la Coalition de la gauche radicale et son leader Alexis Tsipras. Malheureusement, leurs espoirs ne se sont pas concrétisés, puisque la classe moyenne paie beaucoup d’impôts et que cette politique n’a pas été expliquée au citoyen ordinaire” a souligné Maria Kara Klioumi, analyste politique, que rapporte une note sur ces élections de la Fondation Schuman

 Selon la dernière enquête d’opinion rapporte cette note, Nouvelle Démocratie arriverait en tête des élections législatives du 7 juillet prochain avec 37,9% des suffrages devant la Coalition de la gauche radicale, qui recueillerait 28,8% des voix.

De nombreux soutiens d’Alexis Tsipras , à gauche, lui reprochent d’avoir au fil du temps dérivé vers le centre de l’échiquier politique, de se “social-démocratise” … mais dans un pays ou le vote est obligatoire , une telle analyse rend incompréhensible un succès de la droite !!!

Le 7 mai dernier, Alexis Tsipras a annoncé des baisses d’impôt, une diminution de la TVA sur certains produits alimentaires, sur la restauration et sur l’électricité et il s’est engagé à rétablir l’allocation en faveur des plus faibles retraites (celles-ci ont été réduites 23 fois au cours des 8 dernières années). Le Premier ministre a augmenté le salaire minimum mensuel qui est passé de 586 à 650 €, une première depuis 10 ans (le salaire minimum s’établissait à 751 € avant la crise) et il a offert un 13e mois aux retraités. Il a également permis le retour aux conventions collectives dans plusieurs branches professionnelles.

La Grèce est sortie le 20 août dernier de son 3e plan d’aide internationale de 86 milliards € en dépassant les objectifs budgétaires qui lui avaient été fixés par les créanciers internationaux, ce qui a offert une certaine marge de manœuvre au gouvernement d’Alexis Tsipras :”L’odyssée moderne que notre pays a traversée depuis 2010 a pris fin. »

Si l’économie grecque a retrouvé la croissance depuis 2017 (2%), la population peine toujours à se remettre de 8 années de récession. Le PIB grec est au niveau de celui de 2003.   Le chômage s’élève à 18,3%, soit le taux le plus élevé de la zone euro. Le chômage des jeunes atteint 27,9%.

L’accord avec la Macédoine de 2018 qui met fin à 27 ans de querelles sur l’utilisation du nom de Macédoine a été très mal reçu par la majorité des Grecs, qui ont vu dans l’adoption du nom de Macédoine par leurs voisins une menace sur l’intégrité territoriale de leur pays et un viol de leur histoire et de leur identité nationale. Dans le nord de la Grèce, le ressentiment est très fort et SYRIZA a été lourdement sanctionnée par les électeurs.

Si Alexis Tsipras polarise la scène politique, ce n’est pas le cas de Kyriakos Mitsotakis, qui se présente comme un conciliateur à la recherche de l’équilibre en toutes choses. Le dirigeant de ND souhaite faire redémarrer l’économie grecque en attirant les investisseurs et en réformant le système fiscal du pays. Il veut conserver le plafond d’exonération d’impôt à son niveau actuel mais baisser de 28% à 20% le taux d’imposition des sociétés, diminuer le plus bas niveau de la TVA à 11% et plafonner le plus haut à 22% et enfin baisser de 30 points l’impôt uniforme qui est prélevé sur les biens immobiliers des particuliers et des personnes morales comme sur les terrains.

Le Parlement (Vouli Ton Ellinon) est monocaméral et compte 300 membres, élus pour 4 ans au sein de 59 circonscriptions au scrutin proportionnel (proportionnelle renforcée).  Les électeurs votent sur une liste ouverte au sein de laquelle ils peuvent exprimer leurs préférences. 51 circonscriptions élisent 288 députés désignés   ; 12 sièges restants sont répartis selon les résultats de chacun des partis politiques dans une circonscription représentant l’ensemble de la Grèce (ces élus sont appelés députés nationaux et occupent une position honorifique). Enfin, 7 autres circonscriptions ne comptent qu’un seul siège.

Le parti arrivé en tête bénéficie d’un bonus de 50 sièges. Ce système a été récemment aboli mais cette modification de la loi électorale ne sera pas appliquée pour les élections du 7 juillet, faute d’avoir été approuvée par la majorité nécessaire du Parlement.  Le vote est obligatoire en Grèce jusqu’à l’âge de 70 ans.

7 partis politiques sont actuellement représentés au sein de la Vouli :

– La Coalition de la gauche radicale (SYRIZA), parti d’extrême gauche né en 2004 et issu du rassemblement de l’an plusieurs organisations de gauche radicale, de militants communistes et écologistes. Dirigée par le Premier ministre sortant Alexis Tsipras, elle possède 145 députés ;
– La Nouvelle démocratie (ND) fondée en 1974 par l’ancien président de la République (1980-1995) et Premier ministre (1955-1963 et 1974-1980), Constantin Caramanlis  compte 75 sièges ;
– Aube dorée (XA), parti d’extrême droite, créé en 1980   possède 18 députés ;
– Le Mouvement socialiste panhellénique-Gauche démocratique (PASOK-DIMAR), parti créé en 1974 par l’ancien Premier ministre (1981-1989 et 1993-1996) Andreas Papandreou, compte 17 sièges ;
– Le Parti communiste (KKE), fondé en 1918 possède 15 députés ;
– To Potami (La rivière), parti centriste , compte 11 sièges ;
– Le Parti des Grecs indépendants (ANEL), parti de droite populiste possède 10 députés.

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