Le remaniement ministériel a donné lieu à de nombreux commentaires à gauche.
Il y a ceux qui ont insisté sur les « mensonges », les « erreurs » du Président. Il nous a tellement habitué à cela, et la "réforme des retraites" en est un exemple, qu’il n’y a rien de bien nouveau.
Puis il y a ceux qui déplorent qu’il n’y ait pas de changement de politique : naïveté ou crédulité ?
Et puis enfin il y a ceux qui concluent « tout ça pour ça ! », croyant qu’il n’y a rien de changer !
Pour ma part tout cela a une part de vrai, bien sur, mais n’est pas l’essentiel : l’essentiel c’est que ce remaniement marque la mise en ordre de marche de Sarkozy, et de ses troupes, pour le premier tour des présidentielles de 2012.
C’est d’abord la mise en place d’une équipe de ministres chevronnés, autour du noyau dur de l’UMP, autour de Sarkozy : Alain Juppé l’a explicitement déclaré, il s’engage pour le combat de 2012 ! Le centre est certes en partie à l’extérieur mais il est atomisé entre 3 ou 4 composantes qui permettront un rassemblement au second tour.
C’est la mise en scène du G20 comme cadre du discours, comme terrain d’action, même si c’est un théâtre d’ombres : on va, comme lors de la présidence européenne, entendre tous les discours sur « la fermeté contre la finance », le « volontarisme contre la crise », « la mise au pas des banques »…Tout cela avec une instrumentalisation habile du Directeur général du FMI, que le Président a « choisi », avec lequel il se sent «pleinement en phase ».
C’est le choix d’un certain nombre de thèmes qui vont être omni présents tout au long de ces mois, avec derrière la recherche d'un certain nombre de clientèles électorales : la sécurité pour essayer de toucher les couches populaires ; la fiscalité dont il va se faire le chantre de la réforme, tout en dénonçant ces socialistes qui ne pensent qu’a augmenter les impôts (ce qui risque malheureusement de se produire dans beaucoup de collectivités asphyxiés par les mesures gouvernementales), essayant par la de chercher l’adhésion des classes moyennes ; la dépendance enfin, pour se saisir de cet enjeu important et répondre au vieillissement de l’électorat.
De cela je tire comme conclusion qu’il ne faut pas sous-estimer l’adversaire : d’abord si Dominique Strauss Kahn veut être candidat, il ne doit pas se laisser enfermer dans la phase du G20 avec Sarkozy, et reprendre contact avec les Français assez vite ; ensuite les socialistes doivent se mettre eux aussi en ordre de bataille et choisir au plus vite (pas après l’été 2011) leur candidat, pour finaliser un rassemblement et un projet, car des priorités doivent être dégagées pour être crédibles, compte tenu de l'état des finances publiques ; enfin , si Sarkozy est au plus bas dans l’opinion, aucune adhésion à une alternative n’est encore construite, ce qui peut lui donner le temps de rebondir, et avec le remaniement ministériel, il s’en donne les moyens !
Il n’y a dans ce diagnostic aucune fébrilité mais une volonté de lucidité : la victoire en politique n’est jamais donnée, on ne l’attend pas, il faut la construire ! A nous, de nous en donner les moyens !
5 Commentaires
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C’est clair!
tout à fait d’accord avec vous, ce gouvernement resserré Fillon2 a été constitué pour mener le combat pour 2012 et c’est pour cette raison qu’il ne faut pas tarder à effectuer ces primaires au PS et proposer au plus vite une alternative
La desinvolture du PS, son mépris presque pour les Francais est lamentable! Pas de projet, pas de volonté d’unite avec ses partenaires, pas de leader donc une bataille d’ego qui se développent… Peut il faire plus pour perdre? Pourquoi ne pas attendre mai 2012. Pour désigner le candidat de la gauche! Decidemment je crains que le PS n ‘ait tire aucune leçon de 2002 et 2007, des Elections “imperdables”! Même Segolene semble en train de s’enfoncer dans ce marigot
Martine Aubry se comporte comme si elle voulait que l’on pense qu’elle ferait une bonne candidate sans se donner la peine de convaincre qu’elle est une bonne candidate, qu’elle porte une idée, un projet et un élan.
L’opinion est entrée dans le politico-scepticisme.
Elle attend des guerriers contre la crise et elle découvre un champ de politiciens qui ferraillent entre eux.
Sarkozy est mal aimé mais le PS n’est pas désiré.