Dans son rapport annuel sur les émissions de gaz à effet de serre, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) fait état de sombres perspectives quant à la lutte contre le réchauffement climatique. Les objectifs des Etats y sont décrits comme insuffisants pour éloigner les conséquences désastreuses du phénomène à long terme. Malgré les efforts de plusieurs Etats européens, le Vieux Continent doit encore considérablement intensifier ses actions en faveur du climat selon l’agence onusienne, même si les graphiques ci joints montrent que l’Europe fait malgré tout figure de « moins pire » élève, tant en volume global d’émission de CO2 qu’en volume par habitant.
Notant une nouvelle hausse des émissions de CO2 en 2018, le document du PNUE encourage les pays à accélérer drastiquement la transition écologique.
A quelques jours de l’ouverture de la COP 25 à Madrid, qui se tient lieu du 2 au 13 décembre, ce rapport intervient comme “un nouvel avertissement” aux grands Etats pollueurs. Les engagements pris par ces puissances, dont l’Union européenne, “sont très en deçà des transformations structurelles nécessaires pour être à la hauteur de l’enjeu climatique.
Mais les principaux pollueurs n’effectuent pour le moment que trop peu d’efforts en ce sens : “les émissions mondiales ont grimpé de 1,6 % tous les ans, depuis 2008”, et ce malgré une baisse dans certaines régions du globe comme l’UE.
A ce rythme-là, la planète pourrait se réchauffer de 3,4 à 3,9°C d’ici la fin du siècle. Et même si les Etats signataires de l’accord de Paris respectent leurs engagements, le mercure montera de 3,2°C, En 2050, 300 millions de personnes vont subir une inondation côtière au moins une fois par an, conséquence directe du réchauffement climatique et de la montée du niveau de la mer
Respecter l’accord de Paris impliquerait que les pays triplent le niveau de leurs contributions nationales pour ne pas dépasser 2 °C, et le multiplient par 5 pour ne pas aller au-delà de 1,5 °C .
En Europe, ces engagements sont pour l’instant insuffisants : si l’UE voit ses émissions baisser, c’est notamment parce qu’elle bénéficie de la délocalisation des industries lourdes vers la Chine.
L’Europe n’a pas augmenté ses investissements contre le changement climatique (1,2 % de son PIB) depuis 2011.la Chine et les Etats-Unis ont beau polluer plus que l’Union européenne, ils investissent davantage, respectivement 3,3 et 1,3 % de leurs revenus nationaux, d’après les chiffres de la Banque européenne d’investissement (BEI)
La grande majorité [des émissions carbonées] sont imputables à la combustion des ressources fossiles (charbon, pétrole et gaz) pour la consommation d’énergie et l’industrie.
Si des efforts considérables sont encore à mener pour limiter le réchauffement climatique, l’idée de réduire les sources de financement des énergies fossiles progresse en Europe : la Banque européenne d’investissement vient ainsi d’annoncer qu’elle cesserait de financer de nouveaux projets liés [à ces] énergies dès 2022.
A la Commission, le projet de “Green deal” devrait être présenté avant la fin de l’année. Il devrait permettre à l’UE de revoir ses objectifs à la hausse, une révision des engagements des Etats pour l’accord de Paris étant prévue lors de la COP26 à Glasgow fin 2020,
Cette nécessité semble comprise par les Etats membres : la Finlande a décidé de bannir l’usage [du charbon] d’ici à 2029, et compte atteindre la neutralité carbone, à l’horizon 2035, ce qui implique de préserver ses forêts. L’Allemagne aussi, plaide pour un renforcement des objectifs européens de réduction des émissions de CO2. D’autres pays, comme la Suède ou le Royaume-Uni, sont vus comme les “bons élèves” de l’UE : la Suède “a réduit d’un quart ses émissions de gaz à effet de serre, sans pénaliser sa croissance”, tandis que le Royaume-Uni a réduit “ses émissions carbones par habitant de 44 % entre 1990 et 2018, alors même que son économie progressait de 75 %
Comme toujours, il s’agira à Madrid, d’accorder les contradictions de ceux qui ont un objectif environnemental à long terme et un impératif économique à court terme. Pourtant la lutte contre les changements climatiques peut être financièrement rentable, En utilisant les nouveaux modèles, systèmes et technologies propres pour stimuler le PIB. L’idéal serait une croissance qualitative où l’on crée des emplois et du profit en remplaçant les infrastructures démodées et polluantes par des solutions qui protègent l’environnement.
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