Alors que l’abstention s’annonce particulièrement élevée (autour de 55% selon les derniers sondages), c’est une nécessité de combattre l’abstention ! Cela suppose que l’on s’attaque d’abord à ses causes qui apparaissent multiples et de nature différente selon une enquête de l’Ifop réalisée pour Sud-Ouest Dimanche, pour ce premier tour des élections départementales.
La première raison peut être qualifiée d’utilitariste ou de désabusé. 38% des abstentionnistes potentiels expliquent leur choix par le fait que « ces élections ne changeront rien à leur situation ». On mesure ici l’ampleur de la crise du politique qui ne parvient plus ou pas assez à se traduire de façon concrète dans la vie des citoyens. C’est particulièrement le cas parmi les ouvriers (53% contre 32% parmi les professions libérales et les cadres supérieurs) et parmi les électeurs du FN à la présidentielle : ceux-ci s’abstiendraient au premier tour des départementales : 54% contre 27% parmi les abstentionnistes potentiels ayant voté Nicolas Sarkozy à la présidentielle.
La seconde raison est « protestataire » : 32% des abstentionnistes potentiels qui en boudant les urnes souhaitent « manifester leur mécontentement à l’égard des partis politiques ». C’est plus le fait des seniors que des jeunes (40% parmi les retraités contre 18% seulement auprès des moins de 35 ans) et plus fréquent dans l’électorat de Jean-Luc Mélenchon (45%). On mesure ici le désappointement d’une partie de la gauche de la gauche face à la politique du gouvernement qui nourrit l’abstention dans cette partie de l’électorat.
La troisième raison se nourrit aussi d’une insuffisante information. L’introduction du principe des binômes et le redécoupage des cantons sont venus brouillés des repères établis de longue date. 31% des abstentionnistes potentiels expliquent leur choix par le fait « qu’ils ne connaissent pas les candidats qui se présentent » et 25% parce qu’ils « ne connaissent pas les compétences des conseils généraux ». Cette explication est plus fréquente (38%) parmi les moins de 35 ans, qui lisent moins la presse, et notamment régionale, que parmi les seniors ( 23% chez les 65 ans et plus). Ces nouvelles règles sont venues perturber le paysage politique traditionnel y compris dans les campagnes où le conseiller général, qui est souvent un notable local, bénéficiait jusqu’à lors dans les élections cantonales d’une certaine visibilité.
Enfin, 16% des abstentionnistes potentiels déclarent ainsi qu’ils n’ont pas l’intention de passer par l’isoloir car « aucun candidat ne défend ou représente leurs idées ». Ce facteur est notamment présent parmi les abstentionnistes potentiels ayant voté François Bayrou à la présidentielle (25%) puisque le Modem et les autres composantes de centre ne présente quasiment pas de candidats autonomes. A l’inverse, seuls 8% des abstentionnistes ayant voté Marine Le Pen invoquent cette raison, ce qui est assez logique quand on sait que le FN sera représenté dans 95% des cantons.
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