Le Parti du centre pourrait remporter les prochaines élections législatives en Finlande

finlande4,5 millions de Finlandais vont renouveler les 200 membres du Parlement (Eduskunta/Riksdag, la Finlande est un pays bilingue) le 19 avril prochain.  Ils sont élus élus tous les 4 ans au sein de 12 circonscriptions désignant entre 6 et 35 représentants selon leur population (à l’exception des îles Åland qui n’élisent qu’un seul représentant), au scrutin proportionnel selon la méthode d’Hondt . Les électeurs votent à la fois pour un parti et pour un candidat. Particularité : il n’existe pas de seuil électoral à atteindre pour entrer au Parlement.

Comme le souligne une note de la Fondation Schuman, Beaucoup s’attendent à un retour au pouvoir du Parti du centre (KESK), qui pourrait former une coalition gouvernementale avec le Parti social-démocrate (SPD). Le Parti du centre  arrive en tête avec 24,9% des intentions de vote dans la dernière enquête d’opinion. Il est suivi par le Parti social-démocrate, qui recueillerait 16,8% des voix ; le Rassemblement conservateur (KOK) du Premier ministre Alexander Stubb,   obtiendrait 16,2% des suffrages, ce qui serait son résultat le plus faible depuis 1966. Les Vrais Finlandais (PS) sont en hausse et remporteraient 15,4% des voix ; l’Alliance des gauches (VAS) et les Verts (VIHR), 8,8% chacun et le Parti du peuple suédois (SFP), 4% des suffrages.

La coalition gouvernementale qui s’est formée à l’issue des précédentes élections législatives comptait 6 partis. Les dirigeants politiques sont unanimes à souhaiter que les élections législatives du 19 avril ne débouchent pas sur une coalition aussi large.

imagesCADYF2FLEn mars 2014, l’Alliance des gauches a choisi de quitter le gouvernement pour protester contre les coupes budgétaires dans les dépenses sociales. Les Verts l’ont suivie en septembre en raison de leur désaccord avec la décision de construire une nouvelle centrale nucléaire (Fennovoima) en collaboration avec l’Agence de l’énergie atomique russe.

Si le Rassemblement conservateur finit par s’incliner dans les urnes, l’explication résidera en grande partie dans la volonté des électeurs de sanctionner le parti du Premier ministre sortant pour son incapacité à gérer la crise économique.

L’économie finlandaise en récession devrait de nouveau enregistrer pour 2014 une croissance négative pour la 3e année consécutive (- 1,1% en 2012 ; – 1,38% en 2013).

 En octobre dernier, l’agence de notation Standard and Poor’s a abaissé la note d’Helsinki et la Finlande a perdu son triple A (AA +). Elle a pointé la vulnérabilité du pays par rapport à la Russie : le commerce avec Moscou représente un dixième du total des exportations finlandaises et 4% du PIB du pays.

Les difficultés rencontrées par les principaux secteurs exportateurs, alliées à la faiblesse de la consommation privée, pèsent sur la croissance.Le pays a souffert de nombreux chocs ces dernières années : écroulement de l’empire Nokia, fort recul de la demande pour l’industrie papetière alors que la Finlande  est leader dans ce domaine en Europe.

La dette, inférieure à 50% du PIB en 2011 (48,5% précisément), flirte désormais avec la barre de 60% (58,9% en 2014), seuil à ne pas dépasser pour le Pacte de stabilité et de croissance de l’Union européenne. Les taxes ont, en moyenne, augmenté de 3 points ces 4 dernières années, l’Etat ayant tenté d’éviter au maximum les coupes budgétaires. Enfin, le taux de chômage est en progression : à 8,9% en octobre 2014, soit un record depuis l’arrivée au pouvoir du Rassemblement conservateur et du Parti social-démocrate.

Une nouvelle réforme a fait passer l’âge de la retraite de 63 à 65 ans ;  Après celle du Japon, la population finlandaise est celle qui vieillit le plus rapidement du monde.

Membre de la coalition gouvernementale, le Parti social-démocrate mène une campagne difficile dans laquelle il cherche à se détacher du parti conservateur avec lequel il est allié depuis 4 années. Son programme prévoit des baisses d’impôts pour les personnes les plus défavorisées et celles appartenant à la classe moyenne.

Au début du mois de mars, le chef du gouvernement a rappelé que son pays ne devait pas exclure la possibilité de rejoindre l’OTAN dans les 4 années à venir mais seulement un quart des Finlandais (27%) y sont favorables, plus de la moitié (57%) y sont opposés. La politique de Vladimir Poutine et la guerre en Ukraine ont relancé le débat sur l’alliance militaire. La Finlande partage une frontière de 1 300 km avec la Russie.

Le Parti du centre, favori, a  indiqué dans son programme économique qu’il privilégierait les coupes budgétaires aux augmentations d’impôts pour réduire la croissance de la dette d’ici à 2017 :  une diminution de l’allocation chômage est envisagée.

L’avance du Parti du centre dans les enquêtes d’opinion tient cependant plus au mécontentement des électeurs   et à leur désir de changement qu’à un véritable engouement des Finlandais pour les propositions centristes

Si les électeurs des partis plus traditionnels – plus anciens – se montrent souvent relativement certains de leurs choix, les partis populistes rencontrent la plupart du temps des difficultés à fidéliser leur électorat. De nombreuses personnes ayant voté pour les Vrais Finlandais 4 ans auparavant sont allées (ou retournées) vers le Parti du centre ou encore, de façon moindre, vers le Parti social-démocrate.

Le parti est indéniablement populiste : critique des élites  ; remise en cause de la représentation comme des corps intermédiaires et exaltation du peuple ; valorisation de la dimension nationale et hostilité à l’égard de l’Union européenne et de la mondialisation ; volonté de restreindre (ou de stopper) l’immigration en provenance des pays pauvres et refus d’une société multiethnique dénoncée comme la cause de tous les dysfonctionnements sociaux. Les Vrais Finlandais ont prospéré sur les scandales de financement des partis politiques. Il propose de réserver la protection sociale aux seuls nationaux et demande une diminution des aides sociales accordées aux étrangers.

Les Vrais Finlandais   se disent prêts à s’allier avec le Parti du centre. Le concept de cordon sanitaire (alliance des partis de gouvernement dans le but d’empêcher un parti extrémiste ou populiste d’arriver au pouvoir) n’existe pas en Finlande.

Entre 1981 et 2011, 3 partis d’importance quasi équivalente se sont partagés de façon stable les 2/3 des suffrages aux élections législatives en Finlande. Cette situation a pris fin lors du scrutin du 17 avril 2011 où les Vrais Finlandais ont recueilli un nombre de voix quasiment similaire à celui obtenu par le Parti social-démocrate.

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