Le Non grec est un acte démocratique incontestable : même si le conseil de l’Europe a émis des réserves, quant à son organisation dans des délais si courts, sur la clarté de la question posée à partir de document en Anglais…., le résultat est sans appel ! Mais à quoi va-t-il servir? Les Grecs veulent rester dans l’Euro mais à quel prix? Finalement la réponse à la question posée n’apporte aucune réponse.
Le débat sur la crise grecque ne se résume pas à la question de l’austérité : il faudra bien que les Grecs règlent la question de leur collecte fiscale, de l’imposition des richissimes armateurs ou de l’église orthodoxe dont la fortune équivaut à la dette du pays, de l’effort militaire anormalement élevé, de la corruption …. Peut-on oublier les fraudes sur les comptes publics au moment de l’entrée dans l’euro! Rappeler cela n’est pas nié l’effort déjà accompli par le peuple grec, au contraire, c’est simplement souligner l’importance pour les responsables politiques grecs d’aujourd’hui de rétablir la confiance avec les responsables européens.
Il n’y a pas d’un côté la légitimité démocratique du gouvernement grec et de l’autre les gouvernements des autres états européens qui ne l’auraient pas ! La rupture brutale des négociations n’est pas de nature à rétablir la nécessaire confiance et le référendum pourrait bien apparaître comme moins “utile” que l’on croit sauf s’il a été organisé par le premier ministre grec pour asseoir sa légitimité à accepter les propositions européennes ? La sortie du turbulent ministre des finances en est peut être le signe annonciateur ?
La sortie de l’euro serait dramatique pour le peuple grec qui d’ailleurs ne la veut pas ! Son épargne disparaîtrait, l’hyper inflation qui en résulterait le ruinerait : N’oublions pas que l’extrême droite “aube dorée ” est en embuscade. La panique qui apparaît avec les limitations dans l’obtention des liquidités bancaires n’est pas bonne pour les grecs, mais aussi pour le tourisme qui est une des ressources essentielles du pays.
Le remboursement de la dette doit être sans doute allégé, différé, pour ne pas accroître les ponctions sur les grecs, mais il ne peut être, éventuellement obtenu sans engagement clairs, crédibles, sur les contreparties nécessaires à un remboursement dans la durée. La solidarité ne peut s’exercer que dans le respect des efforts demandés aux uns et aux autres.
Mais si les grecs ont leur part de responsabilité dans la crise actuelle, et dans la dangereuse spirale dans laquelle ils sont enfermés, l’Europe a aussi la sienne. Les banques à force de prêter ont aussi conduit à cette situation ! À force de ne pas maîtriser par une gouvernance politique claire le nécessaire équilibre entre la responsabilité des états et la solidarité entre les états, la zone euro ne peut que pâtir de cette situation. Nous payons au prix fort cette absence de légitimité politique dans la conduite de la zone euro, comme le souligne la tribune que j’ai cosignée dans le huffingtonpost.
Le problème grec est finalement plutôt mineur quand on sait que la Grèce ne représente que 2% du PIB de la zone euro, mais il peut être un engrenage destructeur dans un contexte politique particulièrement incertain : difficultés à organiser la solidarité face aux flux migratoires, incapacité à organiser la sécurité aussi bien face au terrorisme, que face à la crise en Ukraine…. C’est d’autant plus préoccupant que s’annonce les turbulences du référendum britannique !
De la crise grecque peut sortir le meilleur comme le pire : à chacun de montrer maintenant qu’il tient plus à l’idée européenne qu’aux égoïsmes nationaux, qu’il a une vision de l’Europe qui va au-delà des préoccupations internes, propres à son propre pays!
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