Qui n’a pas rencontré des difficultés dans notre région pour obtenir un rendez-vous chez le médecin , généraliste ou spécialiste ? Qui n’a pas vu les difficultés des urgences à Valognes, contraintes de fermer faute de médecins ?
Les collectivités locales multiplient les initiatives en milieu rural pour attirer des médecins : maison médicale, bourse, …, c’est très positif mais ne sommes-nous pas en situation de repartir la pénurie ?
Pour le Ministre de la santé “il n’y a pas de remède miracle au développement des déserts médicaux “, mais ne devrait-on pas s’interroger sur le nombre de médecins formés dans notre pays ?
Tous les territoires ne sont pas touchées de la même façon , mais notre région souffre particulièrement : en 2011 , il y avait 263 médecins pour 100000 habitants en Haute Normandie, 273 en Basse Normandie, et 403 en Île de France, ou 409 en PACA, pour 331 en moyenne en France : il manque donc plus de 1100 médecins dans notre région pour être dans la moyenne ( il y a 219 places en fac de médecine par an en région!)
Nous avions déjà évoqué ici cette situation pour les dentistes.
Le numerus clausus , que nous avions déjà évoqué,instauré en France au début des années 70 s’avère un échec : il n’a pas limité les dépenses de santé comme c’était son objectif de départ ; il n’a pas anticipé le vieillissement d’une profession qui va connaître beaucoup de départs à la retraite d’ici 2020, ni le vieillissement de la population qui accroît les besoins ; il ignore un allongement de la longueur des études; il n’a pas prévu les évolutions d’une profession ( féminisation, demande de travail salarié , …) qui souhaite , pour les plus jeunes, des durées de travail plus réduites, du temps partiel, ou des conditions de travail plus respectueuses des exigences d’aujourd’hui: le modèle du généraliste qui travaille ,seul, 60h par semaine, n’attire plus !
Avec le numerus clausus on est dans une vision très jacobine qui fixe les besoins , indépendamment des territoires, et qui n’impose aucune obligation sur les lieux d’installation !
Est-il normal que des jeunes dont les résultats aux examens sont satisfaisants, ne puissent poursuivre parce que le nombre de jeunes que l’on veut former est limité quel que soit leur résultat !
Dans un monde ouvert cette démarche est paradoxale, et conduit à ce que “30 à 40% des médecins répertoriés par l’ordre des médecins ont des diplômes étrangers” , ou que près d’un quart des chirurgiens sont d’origine étrangère. Comme l’a bien montré Boris Cyrulnik , il y a de nombreuses façons de détourner le numerus clausus .
Faut-il supprimer purement et simplement le numerus clausus , l’accroître de façon significative, ou le différencier plus fortement selon les régions? Faut-il donner aux nouvelles régions le pouvoir de fixer le nouveau numerus clausus? Faut-il obliger à l’installation dans les régions de formation, au moins les premières années d’exercice ? Faut-il ouvrir les actes médicaux à d’autres professions ? Ne pas s’interroger sur la poursuite du numerus clausus en l’état c’est en tout cas l’assurance de ne pas répondre aux difficultés qui s’annoncent! Étonnant d’ailleurs qu’à l’occasion de la récente loi Macron sur les professions réglementées, cette question n’est même pas été évoquée dans le débat public !
Pour quelques compléments , vous pouvez consulter l’ATLAS DE LA DÉMOGRAPHIE MÉDICALE EN FRANCE , qui donne l’état actuel de la répartition des spécialités médicales par département.
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