Dans la perspective des élections législatives du 4 octobre au Portugal, les Socialistes l’emporteraient d’une courte tête sur la droite mais sans la majorité absolue, selon une note de la fondation Schuman. Une enquête d’opinion crédite en effet le Parti socialiste (PS) de 36,3% des suffrages et la coalition Parti social-démocrate (PSD)-Parti populaire (PP) de 34,8% des voix. Ces deux partis devancent la Coalition démocratique unitaire (CDU), qui obtiendrait 10% des suffrages et le Bloc des gauches (BE) 5%.
Le Parlement portugais est monocaméral. L’Assemblée de la République compte 230 membres, élus pour 4 ans au scrutin proportionnel au sein de 22 circonscriptions plurinominales. Le pays compte 18 circonscriptions métropolitaines, 2 régions autonomes – Madère et les Açores – qui forment chacune une circonscription , et deux circonscriptions pour les Portugais résidant à l’étrange : ceux qui résident en Europe et ceux vivant dans le reste du monde.
5 partis politiques sont actuellement représentés à l’Assemblée de la République:
– le Parti social-démocrate (PSD), créé en 1974 et dirigé depuis mars 2010 par le Premier ministre Pedro Passos Coelho, compte 108 députés ;
– le Parti socialiste (PS), fondé en 1973 et conduit depuis septembre 2014 par Antonio Costa, l’ancien Maire de Lisbonne, possède 74 sièges ;
– le Parti populaire (PP), ancien Centre démocrate social/ Parti populaire (CDS/PP), parti chrétien-démocrate créé en 1974, membre de la coalition gouvernementale sortante et dirigé par Paulo Portas, compte 24 députés ;
– la Coalition démocratique unitaire (CDU), alliance du Parti communiste (PCP), créé en 1921, du Parti écologiste-Les Verts (PEV) fondé en 1982 et de Intervention démocratique (ID). Dirigée par Jeronimo de Sousa, elle possède 16 sièges ;
– le Bloc des gauches (BE), parti fondé en 1999 et dirigé par Joao Semedo et Catarina Martins, compte 8 députés.
Le Portugal a bénéficié en 2011 d’un plan d’aide de 78 milliards € qui lui a été accordé par le FMI, la Commission européenne et la Banque centrale européenne en échange de l’adoption par Lisbonne de réformes structurelles dans le but de restaurer la compétitivité du pays, réduire la dette et plus largement assainir les finances publiques.
Le gouvernement que Pedro Passos Coelho a formé à l’issue de la victoire du Parti social-démocrate aux dernières élections législatives du 5 juin 2011 a donc mené une politique d’austérité : nombreuses coupes budgétaires, forte hausse des impôts (+ 40%), réduction des rémunérations dans la fonction publique, privatisation des entreprises publiques, forte diminution des indemnités de licenciement, etc. Ces mesures de rigueur ont permis de réduire le déficit budgétaire mais elles ont également fait augmenter le chômage et réduit le niveau de vie de beaucoup de Portugais.
En 3 ans, le pays a regagné son accès aux marchés financiers internationaux et bouclé son programme de redressement budgétaire. Le PIB portugais est positif depuis 8 trimestres
Mais le chômage reste élevé :12,1% en juillet 2015 – son plus faible niveau depuis 2010 néanmoins et seulement quelques dixièmes de points au-dessous de la moyenne européenne (11,1%) – contre 17,5% en janvier 2013.
Selon le dernier rapport de l’OCDE, le Portugal est l’un des pays qui enregistrent les plus fortes inégalités et celui qui s’est le plus appauvri de la zone euro
Fortement secouée en 2013, la coalition sortante formée par le Parti social-démocrate et le Parti populaire est dorénavant plus unie que jamais. Les deux partis ont d’ailleurs choisi de présenter des listes communes pour les élections législatives.
Le Premier ministre Pedro Passos Coelho fait campagne sur la poursuite, selon lui nécessaire, de la politique actuelle de rigueur.
Le Parti socialiste promet de tourner la page de l’austérité qui, selon lui, ne fait qu’appauvrir le Portugal. Après une crise de leadership en 2014, le maire de Lisbonne Antonio Costa a finalement remporté l’élection primaire organisé par son parti en obtenant 67,9% des suffrages face au dirigeant du parti, José Antonio Seguro, qui a recueilli 31,7% des voix, et conduira donc la campagne des socialistes.
Antonio Costa reste cependant très discret et très vague sur la façon dont il compte s’y prendre pour mettre fin à l’austérité, et Au fur et à mesure que s’approche la date du scrutin, Antonio Costa a réduit son discours contre l’austérité. Il a ainsi affirmé qu’il honorerait les engagements du Portugal s’il accédait au pouvoir en octobre prochain et poursuivrait la politique de réduction du déficit.
S’il parvient à arriver en tête le 4 octobre, le PS devrait cependant échouer à remporter la majorité absolue. Il pourrait alors avoir des difficultés pour former une coalition. Les socialistes pourraient choisir de former un gouvernement minoritaire ou s’allier avec des « petits » partis. Des solutions qui apparaissent cependant toutes deux comme porteuses d’instabilité.
Contrairement à la Grèce ou à l’Espagne, le Portugal, où plusieurs manifestations contre la politique d’austérité ont pourtant rassemblé de nombreux citoyens dans les rues, ne compte aucun parti de gauche radicale susceptible de menacer les principaux partis.
Plusieurs raisons l’expliquent parmi lesquelles l’importance du Parti communiste qui absorbe sans doute une grande partie du vote protestataire de gauche, mais aussi l’absence de dirigeant charismatique capable d’agréger les mécontentements au sein des forces alternatives. Le système politique portugais, faiblement proportionnel, rend également difficile la représentation des « petits » partis. Enfin, les enquêtes européennes montrent que les Portugais sont beaucoup moins politisés et intéressés par la politique que ne le sont les Espagnols ou les Grecs, et beaucoup d’entre eux préfèrent l’abstention au vote protestataire.
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