La campagne du référendum sur le statut du Royaume-Uni, dans l’Union européenne, a commencé pour décider ou non, le 23 juin, du maintien du pays dans l’Europe.
A droite le Parti conservateur se déchire entre les deux camps “in” et “out”, enflammant la scène politique et médiatique du Royaume-Uni , et se transforme peu à peu en un vote pour ou contre Cameron , dans son propre parti !
On attendait encore la prise de position officielle du chef du Parti travailliste, le « très à gauche » Jeremy Corbyn. S’il soutient sans surprise le camp du maintien dans l’UE, c’est avant tout par obligation politique plus que par conviction personnelle.
“Le Labour est très majoritairement en faveur d’un maintien [dans l’UE] parce que nous estimons que le projet européen a apporté emplois, investissement et protection aux travailleurs, aux consommateurs et à l’environnement” a déclaré le chef du Labour.
A 66 ans, Jeremy Corbyn représente en effet la génération eurosceptique : il a voté contre l’adhésion du pays à la Communauté économique européenne (l’ex Union européenne) en 1975, et plus récemment il s’est prononcé contre Maastricht en 1992 et le traité de Lisbonne en 2008.
Le leader fait donc campagne “à reculons”, pour un enjeu qui le pousse à être dans le même camp que David Cameron auquel il s’oppose à peu près sur tout. Il était donc important pour lui d’appeler à une UE réformée : “L’Union européenne manque de représentation démocratique et veut imposer la dérégulation et la privatisation des services publics. L’Europe doit changer. Mais ce changement ne peut intervenir qu’en travaillant avec nos alliés au sein de l’Union européenne. Il est parfaitement possible d’être critique et en même temps de rester convaincu de la nécessité de rester membre” .
Cet engagement tardif soulage au sein du camp du maintien. La différence le 23 juin se fera sans doute sur le taux de participation”. Les plus âgés, souvent au-delà de 60 ans, sont à la fois les plus eurosceptiques et aussi les plus enclins à se déplacer aux urnes. Et c’est exactement l’inverse avec les jeunes.
Ce risque d’abstention à gauche est renforcé dans le cas d’un scrutin convoqué par un gouvernement de droite. D’où l’intérêt pour la campagne du “in” d’avoir le soutien du travailliste.
David Cameron, le porte-voix de cette campagne, s’est complètement embourbé la semaine dernière dans l’affaire des “Panama papers” qui a révélé qu’il avait détenu des parts dans la société offshore de son père avant de les revendre en 2010. Cela a fait craindre à son entourage une répercussion sur les intentions de vote, avec des électeurs de gauche qui pourraient être tentés de sanctionner le Premier ministre à l’initiative du référendum à cause de son passé fiscal.
Autour du Premier ministre conservateur et de seulement une partie de sa formation politique, on retrouve donc le Parti travailliste, les Verts, le parti libéral-démocrate et les principaux syndicats et organisations patronales .
En face, côté Brexit, de grand noms du Parti conservateur : “le ministre de la Justice, Michael Gove, et l’ancien ministre aux Affaires sociales Iain Duncan-Smith, qui sont les têtes de proue de la campagne”. Ils côtoient le maire de Londres Boris Johnson dont le choix “parait plus dicté par des intérêts carriéristes et politiques personnels que par une véritable conviction anti-européenne”. Tout le monde sait en effet que M. Johnson se verrait bien succéder à David Cameron. On ajoute dans le camp des eurosceptiques Nigel Farage, le chef du UKIP, qui tient un discours carrément europhobe, l’existence même du parti reposant en effet sur cette sortie du Royaume-Uni de l’UE.
A dix semaines du scrutin, les deux camps sont au coude à coude, avec une grande part de votants indécis. Le ralliement de Jeremy Corbyn apparait donc comme un soulagement, “d’autant que, selon les sondages, les électeurs font plus confiance à ce que dit le leader travailliste sur l’Europe que le pro-européen David Cameron ou le pro-Brexit Boris Johnson .
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