Guillaume Duval a publié dans Alternatives Économiques (n° 355 – mars 2016) une courte tribune qui, à quelques semaines du référendum Anglais, résume assez bien ce que l’on peut en penser. Faute de courage, David Cameron joue avec le feu, car les Anglais, les Ecossais ont plus à perdre qu’à gagner ! Et du côté Français ?
« Les Britanniques voteront le 23 juin pour rester ou non dans l’Union. « Bon débarras, qu’ils s’en aillent », entend-on souvent en France. Non.
Malgré tous les blocages britanniques depuis quarante ans, ce serait un coup sévère porté au projet européen. Parce que ce départ aurait toutes chances d’en déclencher d’autres. Mais aussi parce qu’il n’y aura pas de politique extérieure et de défense commune sans le Royaume-Uni. Sans compter qu’en cas de Brexit, la City n’en resterait pas moins « LA » place financière de l’Europe. Or, la régulation de ses acteurs serait dès lors hors de notre portée.
Mais peut-on en vouloir aux Britanniques, mais aussi aux Polonais, aux Hongrois, aux Néerlandais, ainsi qu’à de nombreux Français, de se demander si l’aventure vaut toujours le coup ?
Malheureusement non, avec une Europe incapable de gérer l’arrivée de 2 millions de réfugiés dans un continent de 500 millions d’habitants, de relancer son économie après la crise, de se doter d’une politique industrielle, de maîtriser le dumping social et fiscal en son propre sein comme de se protéger contre celui d’autres puissances extérieures… Pour rendre de nouveau l’intégration désirable, il faut évidemment réussir à transformer le jeu européen. Impossible ? Peut-être, mais cela fait dix ans maintenant qu’on a renoncé à même essayer. Notamment du côté français : un des principaux reproches qu’on peut adresser à François Hollande, c’est bien son absence de politique et de projet européens.
Ceci dit, ce silence reflète aussi l’état d’esprit d’un pays qui hésite entre deux idées fausses. D’une part, l’illusion que, débarrassée de l’Union, la France pourrait continuer à peser : nombre d’entre nous n’ont visiblement toujours pas intégré que les 65 millions de Français pèsent moins de 1 % de la population mondiale. Et d’autre part, l’erreur de considérer que, devenue l’ »homme malade de l’Europe », la France n’aurait plus qu’à se taire pour adopter les recettes libérales qui font des miracles ailleurs. Pays fondateur et deuxième le plus peuplé d’Europe, nous tenons pourtant toujours, pour une part non négligeable, l’avenir de l’Union entre nos mains.
À condition que les Français veuillent bien s’en préoccuper. Espérons que la présidentielle permettra de remettre le sujet au cœur du débat public. »
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