Elections législatives dans l’ile de Chypre , toujours divisée!

drapeau-du-chypre-2542 915 Chypriotes ont été conviés aux urnes le 22 mai  pour désigner les 56 membres de la Vouli antiprosopon (Chambre des représentants), chambre unique du Parlement.

La Constitution de 1960 n’est plus appliquée dans l’île depuis les troubles intercommunautaires de 1963, rappelle une note de la fondation Schuman. Le président de la République de Chypre, élu au suffrage universel pour un mandat de 5 ans, occupe également la fonction de chef du gouvernement. Selon la Constitution, la fonction présidentielle est réservée à un Chypriote grec quand celle de vice-président revient à un Chypriote turc, actuellement non occupé. L’actuel président est Nicos Anastasiades  et le gouvernement sortant rassemble des membres du DISY, du Parti européen (parti nationaliste) et des personnalités indépendantes.

La Vouli antiprosopon est la chambre unique du Parlement Chypriote et comprend 80 sièges : 56 (70%) sont élus par les Chypriotes grecs et 24 (30%) réservés à la chyprecommunauté turque. Ces derniers sièges sont donc vacants et ne seront donc pas renouvelés le 22 mai.

Les candidats doivent obligatoirement être âgés d’au moins 35 ans. Le vote s’effectue selon la méthode de Hare Niemeyer au sein de 6 circonscriptions : Nicosie, 21 députés ; Limassol, 12 ; Famagouste, 11 ; Larnaka, 5 ; Paphos, 4 et enfin Kyrenia, 3.  Les électeurs peuvent voter pour un seul parti (en classant les candidats de ce parti par ordre de préférence) ou pour des candidats de différents partis.Enfin, le parlement chypriote comprend 3 députés représentant les 3 minorités religieuses élus par les seuls membres de ces communautés.

6 partis politiques sont représentés dans l’actuelle Chambre des représentants :

– le Rassemblement démocratique (DISY), parti du président de la République Nicos Anastasiades, situé à droite sur l’échiquier politique ; il possède 20 sièges ;

– le Parti progressiste des travailleurs (AKEL), créé en 1926 sous le nom de Parti communiste chypriote (CPC) mais qui a abandonné une partie de ses idéaux marxistes-léninistes, compte 19 députés ;

– le Parti démocratique (DIKO), parti de centre gauche, possède 9 sièges ;

– le Mouvement pour la social-démocratie (EDEK), compte 5 députés ;

– le Parti européen (EVROKO), parti nationaliste, membre du gouvernement sortant , a 2 sièges ;

– le Mouvement écologiste et environnementaliste (KOP), compte 1 député.

chypre-mapS1De très nombreux Chypriotes n’ont jamais connu leur pays unifié. Depuis juillet 1974, l’île est traversée par une ligne verte contrôlée par les Casques bleus de l’Organisation des Nations unies, présente à Chypre depuis 1963, année des premiers affrontements entre les deux communautés grécophone et turcophone. Le 15 juillet 1974, la Garde nationale, inspirée par la junte militaire en place en Grèce depuis 1967, renverse le président chypriote, l’archevêque Makarios III, et le remplace par Nikos Sampson. Le 20 juillet, les troupes turques débarquent à Kyrénia (nord) pour protéger la minorité turque. Avec l’aide de l’armée grecque, le gouvernement de Nikos Sampson parvient à les maintenir derrière une ligne (qui deviendra la ligne verte) avant de s’effondrer 4 jours plus tard. La Turquie refuse toutefois de quitter la partie du territoire de l’île qu’elle occupe, y compris après la chute de Nikos Sampson. Le 30 juillet 1974, la Turquie, la Grèce et le Royaume-Uni instituent une zone de sécurité gardée par les Casques bleus de l’ONU et reconnaissent l’existence de deux administrations autonomes.

La République turque de Chypre du Nord proclamera son  indépendance en 1983. La Turquie est le seul Etat à la reconnaître au niveau international. A ce jour, 35 000 soldats turcs sont toujours stationnés dans la partie nord de l’île.

L’île compte environ 1,2 million d’habitants, dont un tiers de réfugiés (160 000 Chypriotes ont fui leurs habitations au moment de l’invasion turque) ; 313 500 personnes résident dans la partie nord de l’île.

En avril 2013, la Troïka (FMI, Union européenne et BCE) a accordé à Chypre, confronté à une grave crise financière, un plan d’aide internationale d’un montant de 10 milliards € ,sous réserve de la mise en place de plusieurs réformes. Nicosie a retrouvé la croissance en 2015 (1,4%) après 3 années de récession. Le déficit public du pays s’élève désormais à 1% du PIB (il était de 8,9% en 2014).

L’île a bénéficié du recul du tourisme dans plusieurs pays comme l’Egypte ou la Tunisie, de la baisse du prix des matières premières qui a favorisé la consommation des ménages et de l’accord signé avec Moscou au printemps 2015. Les Russes apprécient la faiblesse du taux d’imposition sur les sociétés de l’île (12,5%).

Le chômage, a atteint jusqu’à 17% de la population active et s’élève désormais à 12,6% (Eurostat). Le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat est inférieur de 15% à la moyenne de l’Union européenne alors qu’il était supérieur de 3% à celle-ci il y a 5 ans.

La question de la réunification de l’île figure  dans la campagne électorale. Le chef de l’Etat Nicos Anastasiades l’a en partie souhaité, qui a ouvert des discussions avec le nouveau président de la zone septentrionale de l’île, Mustafa Akinci, qui s’est fait élire en 2015 sur un programme de rapprochement avec la République de Chypre.

Les négociations entre les deux parties ont avancé mais  bloquent sur la question des compensations qui seraient accordées aux Chypriotes grecs expulsés de leurs propriétés par les turcophones en 1974. En outre, les récentes arrivées de réfugiés ont quelque peu perturbé le processus en cours.

Bruxelles aimerait voir Nicosie cesser de bloquer l’ouverture de plusieurs chapitres d’adhésion de la Turquie. Ce blocage constitue toutefois la seule arme dont dispose la République de Chypre pour peser dans les négociations avec la partie nord de l’île.

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