La question de la dette est un problème réel, sérieux mais qui ne doit pas être instrumentalisé au service d’objectifs cachés ou pour faire peur. C’est vrai que c’est une question qui inquiète car compliquée, et les raccourcis sont si faciles.
Que de raisons de faire peur quand on balance « la dette publique atteint 90% du PIB ! ». Mais on compare un stock (la dette) avec un flux (le PIB) : imagine t on affoler un ménage qui ferait un emprunt immobilier de 100 000 euros pour un revenu annuel de 50000 euros et pourtant il atteindrait 200% d’un ratio similaire ! Ce qui importe c’est la capacité dans la durée de rembourser cette dette, et d’en maitriser la croissance.
Il faut savoir de quoi on parle, et François Hollande a eu raison , pour avoir des chiffres précis en début de mandat, de confirmer lors de sa dernière une conférence de presse qu’il demanderait, s’il était élu, un audit sur l'état des comptes publics à la Cour des comptes, pour faire “en fonction des conclusions de la Cour des comptes, fin juin, un collectif budgétaire sur les comptes 2012”.
Ce qui est dangereux c’est d’avoir des dépenses de fonctionnement, récurrentes qui dépassent ses capacités financières : c’est créer de la « mauvaise dette » que de s’endetter pour payer ses fonctionnaires ! Mais investir dans les infrastructures, le logement, l’innovation… pour accroitre son patrimoine et stimuler l’activité, c’est de la « bonne dette », pourvu que la charge annuelle des remboursements ne dépasse pas ce qu’il est possible de faire avec ses revenus réguliers (d’où l’importance d’enclencher ce cercle vertueux de l’activité pour accroitre les recettes fiscales). Que l’Europe qui n’est pas endettée apporte son aide en lançant enfin des Eurobonds !
Dans ces débats sur la dette on mélange, le court et le long terme, le fonctionnement et l’investissement, le regard à un instant donné et la dynamique…
La discipline budgétaire est parfaitement compatible avec la dette, pourvu qu’on en maitrise les différents aspects, et François Hollande est de mieux en mieux compris, y compris en Europe lorsqu’il lie maitrise de la dette et relance de l’activité. Le président de la BCE estime maintenant que l'Europe a besoin d'un "pacte de croissance" et qu'il faut "revenir en arrière" sur le pacte budgétaire !
Aujourd’hui une des difficultés est que la dette publique dépend trop des agents extérieurs et des mouvements spéculatifs. La France est à cet égard un des pays d’Europe les plus dépendants, et c’est en France que la dépendance a le plus augmenté en dix ans. Et bien renationalisons la en profitant de l’épargne massive des français.
L’autre difficulté préoccupante est le creusement des comptes extérieurs : on n’y remédiera pas par une réduction de la demande synonyme de chômage accru, mais par une stimulation de l’offre compétitive : innovation, investissement industrie, soutien aux PME… Et sur ce plan les Régions peuvent apporter leur pierre dans le cadre d’une nouvelle décentralisation.
La question de la dette est trop sérieuse pour être instrumentalisée dans le débat public : c’est d’une politique globale dont on parle!
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