Le TGV facteur de compétitivité pour les entreprises

Au moment où beaucoup d’élus se posent des questions sur la réelle volonté de l’État de désenclaver des territoires non desservis par les lignes à grande vitesse, l’Insee publie une étude intéressante sur l’influence du TGV sur l’organisation et la rentabilité des grandes entreprises.

Cette étude de l’Insee intitulée « L’infrastructure TGV est-elle un facteur de compétitivité pour les entreprises ? », apporte de l’eau au moulin des partisans du TGV comme accélérateur de développement pour les territoires. L’étude se focalise sur les grandes entreprises, et en particulier celles qui sont dites «multisites », avec un siège social géographiquement séparé d’un ou plusieurs sites de production. Ce secteur est extrêmement important, puisqu’il emploie, selon l’Insee, 56 % de la main-d’œuvre salariée du secteur marchand.

L’existence d’une ligne TGV reliant les centres de décision aux centres de production amène d’importantes réorganisations au sein des entreprises, explique l’Insee, et conduit à une amélioration des marges. Le TGV « améliore la gestion des ensembles multisites », ce qui globalement améliore « l’attractivité du territoire national » et facilite l’implantation de multinationales étrangères.

Selon l’Insee, 43 % des sites de production manufacturière (autrement dit, les usines)  bénéficient d’une desserte par le TGV. Cette desserte a fait chuter considérablement le temps d’accès moyen à ces sites depuis le siège de l’entreprise : avant le TGV, ce temps moyen était de 4h40, contre 3h18 aujourd’hui. Conséquence : les entreprises ont tendance à se réorganiser, en transférant les postes de managers de haut niveau dans les sièges, et en augmentant localement les postes dédiés à la production. « Ces réorganisations génèrent effectivement des gains de productivité au niveau de l’ensemble de l’entreprise ou du groupe », gains de productivité qui se traduisent par des améliorations sur les marges, certes « limitées » mais « positives », juge l’Insee. Dans l’industrie, par exemple, l’augmentation des marges imputables au TGV est estimée à 0,6 point.

En réduisant les temps de trajet entre leurs sites, les infrastructures de transport telles que celles du train à grande vitesse (TGV) sont susceptibles de diminuer les coûts de gestion de ces organisations complexes. Elles permettent d’en augmenter le taux de marge et le niveau de productivité via des ajustements organisationnels. Lorsque le temps de parcours entre un « quartier général » et l’un de ses sites distants diminue grâce à l’extension du réseau TGV entre 1993 et 2011, l’entreprise ou le groupe tendent à se réorganiser : l’emploi alloué aux activités de production des sites distants augmente au détriment des fonctions managériales, partiellement transférées aux quartiers généraux.

L’ampleur de ces réallocations diffère cependant selon le secteur d’activité. Dans les services aux particuliers, un site bénéficiant du TGV réduit de 2,7 points la part des emplois de managers dans son emploi total. En contrepartie, il accroît de 3,0 points la part de ses emplois liés à la production.

Les effets sont comparables dans les transports, mais plus faibles dans les autres secteurs.

À ce processus de rationalisation organisationnelle est associé un impact limité mais significatif sur le taux de marge, compris en général entre 0,6 à 0,8 point selon le secteur d’activité, et atteignant 1,9 point dans les transports (pour un taux de marge moyen de 24%à 32% selon le secteur d’activité).

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