Juin 08

Reconnaître le vote blanc ? oui, mais pour en faire quoi ?

Plus de la moitié des candidats à la présidentielle étaient  favorables à la reconnaissance du vote blanc, avec l’idée de réduire l’abstention et à mieux prendre en compte les aspirations des électeurs . Par ailleurs plusieurs dizaines de propositions de loi n’ont jamais abouti !

D’abord de quoi parle-t-on ?

A chaque élection sont comptabilisés les inscrits sur les listes électorales, les abstentionnistes (ceux qui ne se sont pas déplacés pour voter), les suffrages exprimés et enfin les votes blancs et nuls. La différence entre les deux, parfois ténue, est précisée dans le code électoral :

·         le vote nul est souvent présenté comme une « erreur de manipulation ». Volontairement ou non, il comporte un signe de reconnaissance, qui contrevient au secret du vote. Il peut s’agir d’un bulletin annoté ou déchiré, non réglementaire (format, couleur, papier…) ou déposé sans enveloppe ;

·         le vote blanc est une absence de choix d’un candidat ou d’une liste, qui reste neutre. Il peut prendre la forme d’une enveloppe vide ou d’un bulletin vierge qui doit avoir les mêmes caractéristiques (taille, couleur, grammage) que les bulletins des candidats.

 Les bulletins blancs et nuls ont longtemps été traités de la même façon. Mais les choses ont changé depuis la loi du 21 février 2014. Désormais, « les bulletins blancs sont décomptés séparément et annexés au procès-verbal. Ils n’entrent pas en compte pour la détermination des suffrages exprimés, mais il en est fait spécialement mention dans les résultats des scrutins ». Toutefois les bulletins blancs ne sont pas distribués dans les bureaux de vote.

 Les votes blancs  ne sont pas considérés comme des suffrages exprimés et n’ont donc aucun poids dans le scrutin. S’ils étaient décomptés comme tels, on aboutirait à des situations où le candidat arrivé en tête obtiendrait moins de 50 % des voix. Puisque  selon l’article 7 de la Constitution, « le président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés ». Reconnaître le vote blanc pour cette élection nécessiterait donc une réforme constitutionnelle.

 La prise en compte du vote blanc comme des suffrages exprimés fait son chemin dans l’opinion. Une pétition en ligne a rassemblé  près de 300000 signatures . Fin 2016, plusieurs sondage  indiquaient que 80 % des personnes interrogées y étaient favorables . Des candidats se déclarent au nom du Parti du vote blanc, mais  faute de parrainages d’élus, il n’y en a pas eu aux présidentielles.

En Suisse, les bulletins blancs sont comptabilisés, mais au second tour, seule une majorité relative suffit. La Suède reconnaît le vote blanc comme valide uniquement pour les référendums. Pour que le non l’emporte, il doit dépasser la majorité absolue des suffrages, votes blancs compris.

  Voter pour « aucun des candidats »  fournit une indication du mécontentement des électeurs, mais n’apporte  aucune solution pour choisir un élu : que fait-on si aucun candidat n’a la  majorité absolue ? le mécontentement sur les candidats ne devrait-il pas  conduire les mécontents à se présenter ? Lorsque le Parti du vote blanc affirme Je souhaite m’exprimer mais ce que vous me proposez ne me convient pas”, on est tenté de lui dire chiche , présentez vous !  Mais en tout état de cause, le vote blanc est à cet égard un acte citoyen « plus actif »  que l’abstention ,car son auteur se déplace ,  mais pas un acte plus efficace !

Il en va différemment pour un référendum ou le vote blanc peut signifier avec raison, un refus de la question telle qu’elle est posée !

La question du vote blanc n’est pas tant sa comptabilisation que l’usage qu’on en fait , que les conclusions qu’on en tire

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