Le Chomage touche plus les ouvriers non qualifiés

La hausse du chômage est loin d’avoir la même ampleur selon les catégories sociales, rappelle le centre d’observation de la société. Le nombre de chômeurs a augmenté de 774 000 au total entre 2008 et 2015 selon l’Insee, soit + 48 %. Parmi eux, les deux tiers sont ouvriers ou employés, 20% relève des professions intermédiaires et moins de 10 % cadres supérieurs. Durant cette période, le taux de chômage des ouvriers non qualifiés est passé de 14,7 % à 20,3 %, celui des cadres de 2,8 à 4 %, niveau proche du plein emploi et inférieur à ce qu’il était au milieu des années 1990 (5,5 %).

Dans ce billet ne sont bien sûr pris en compte que les chômeurs à qui l’on peut affecter une catégorie sociale. Pour cela, il faut qu’ils aient travaillé au moins une fois. 140 000 jeunes chômeurs n’ayant jamais travaillé auparavant ne sont pas intégrés à ces données.

La progression du chômage frappe pour l’essentiel les catégories populaires, les moins diplômées. Cela ne signifie pas que les cadres soient totalement épargnés. Au total, le nombre de chômeurs a progressé de 48 % au cours de la période. Partant d’un niveau faible (121 000), le nombre de cadres pointant à Pôle emploi a progressé de 56 % entre 2008 et 2015, soit davantage que la moyenne. Le nombre de chômeurs parmi les professions intermédiaires (le cœur des classes moyennes) a augmenté de 67 %.

Au cours des trente dernières années, la dégradation pour la catégorie la plus défavorisée, les ouvriers non qualifiés, a été beaucoup plus forte que pour les autres groupes sociaux. Leur taux de chômage, déjà de l’ordre de 10 % en 1982, n’a quasiment pas cessé d’augmenter jusqu’en 1999, pour atteindre 17 %. Ce chiffre a diminué les deux années suivantes, mais il est reparti très vite à la hausse pour toucher désormais plus d’un ouvrier non qualifié sur cinq. Pour les ouvriers dans leur ensemble, comme pour les employés, le taux oscille depuis les années 1980 autour de 9 %. Enfin, les professions intermédiaires et cadres supérieurs ont connu une détérioration nette au milieu des années 1990, mais demeurent bien en deçà des catégories populaires : ils comptent respectivement 5,8 % et 4 % de chômeurs dans leurs rangs en 2015.

Le manque d’emploi frappe d’abord les moins qualifiés. Aux Trente glorieuses ont succédé trente années de dégradation pour les ouvriers non qualifiés. Des générations déjà anciennes de populations peu diplômées, nées à partir de la fin des années 1960, n’ont connu que le chômage de masse. Difficile dans ce cas de continuer à parler de « crise » : c’est une situation de déséquilibre structurel, un nouveau régime, qui s’est installé sur le marché du travail et il frappe essentiellement les moins favorisés.

L’amélioration de la situation pour les moins diplômés ne passe pas uniquement par la création en masse d’emplois peu qualifiés. Sur le marché du travail, il se crée un processus de file d’attente. Une partie des emplois peu qualifiés sont occupés par des surdiplômés déclassés et au bout de la file il ne reste plus que Pôle Emploi. La création d’emplois qualifiés réduit le déclassement et « aspire » vers le haut l’ensemble de la population active.

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