Déc 15

4 milliards de personnes dans le monde sans protection sociale

La protection sociale, ou la sécurité sociale, est un droit humain. Elle inclut les prestations à l’enfance et aux familles, les prestations de maternité, de chômage, d’accidents du travail et de maladies professionnelles, de maladie, de vieillesse et d’invalidité et les prestations aux survivants.

Un récent rapport du BIT donne une vue d’ensemble des dernières tendances concernant les systèmes de protection sociale, y compris les socles de protection sociale. De nouvelles estimations y sont présentées concernant la couverture sociale effective : elles permettent d’assurer un suivi complet des systèmes de protection sociale, y compris des socles.

Malgré d’importants progrès dans l’extension de la protection sociale dans de nombreuses régions du monde, le droit humain à la sécurité sociale n’est pas encore une réalité pour la majeure partie de la popu­lation mondiale. Seuls 45 pour cent de la population mondiale sont effectivement couverts par au moins une prestation de protection sociale, laissant 55 pour cent, soit 4 milliards d’êtres humains, sans protection

Les estimations du BIT montrent également que seu­lement 29 pour cent de la population mondiale est couverte par des systèmes complets de sécurité sociale comprenant une gamme complète de prestations, allant des allocations familiales aux pensions de vieil­lesse, tandis qu’une grande majorité – 71 pour cent, soit 5,2 milliards de personnes – n’est que partielle­ment, voire pas du tout, protégée.

Les lacunes en matière de couverture sont liées à un sous-investissement notable dans la protection sociale, notamment en Afrique, en Asie et dans les Etats arabes

L’absence de protection sociale expose la population à la pauvreté, aux inégalités et à l’exclusion sociale tout au long du cycle de vie et constitue donc un obs­tacle majeur au développement économique et social.

Seuls 35 pour cent des enfants dans le monde ont véritablement accès à une protection sociale, même si les chiffres varient considérablement d’une région à l’autre. Près de deux tiers des enfants, soit 1,3 mil­liard, ne sont pas couverts. La plupart d’entre eux vivent en Afrique ou en Asie. En moyenne, 1,1 pour cent du PIB est alloué aux pres­tations à l’enfance et aux familles pour les enfants de 0 à 14 ans. Dans le cadre de mesures d’assainissement budgétaire, un certain nombre de pays réduisent la protection so­ciale des enfants, et réservent souvent les prestations à l’enfance aux personnes les plus pauvres, privant ainsi de nombreux enfants vulnérables d’une protec­tion adéquate.

La couverture de protection sociale des personnes en âge de travailler reste limitée. Malgré les répercus­sions positives de l’aide aux femmes enceintes sur le développement, seulement 41,1 pour cent des mères de nouveau-nés reçoivent une prestation de mater­nité, alors que 83 millions de mères ne sont toujours pas couvertes. Seulement 21,8 pour cent des travailleurs sans emploi bénéficient de prestations de chômage, ce qui laisse 152 millions de travailleurs sans emploi sans couverture. Seule une minorité de la main-d’œuvre mondiale a effectivement accès à une protection en cas d’acci­dents du travail et de maladies professionnelles.  Les dernières données du BIT révèlent que, dans le monde, seulement 27,8 pour cent des personnes lourdement handicapées reçoivent une prestation d’invalidité. Les estimations de dépenses montrent que seulement 3,2 pour cent du PIB mondial est alloué à des me­sures publiques de protection sociale visant à assurer une sécurité de revenu aux personnes en âge de tra­vailler, même si celles-ci représentent une grande part de la population mondiale.

Dans le monde, 68 pour cent de personnes ayant atteint l’âge de la retraite reçoivent une pension de vieillesse. Ce chiffre s’explique par l’extension des régimes de pension contributifs et non contributifs dans de nombreux pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire. Un certain nombre de pays sont parvenus à mettre en place une couverture universelle de la retraite. Cependant, le niveau des prestations est souvent faible et ne suffit pas à sortir les personnes âgées de la pauvreté. De nombreux pays ont encore des diffi­cultés à instaurer des pensions de retraite adéquates. En moyenne, les dépenses allouées aux pensions de retraite et autres prestations pour les personnes âgées représentent 6,9 pour cent du PIB.

Les estimations du BIT montrent que le droit à la santé n’est pas encore une réalité dans de nom­breuses régions du monde, notamment en milieu rural, où 56 pour cent de la population n’a pas de couverture sanitaire, contre 22 pour cent en milieu urbain. Il faudrait embaucher 10 millions de professionnels de la santé pour atteindre une couverture sanitaire universelle et garantir la sécurité de la population, notamment en cas de maladie hautement conta­gieuse comme Ebola. Le déficit de 7 millions de pro­fessionnels qualifiés en milieu rural et le déficit élevé des dépenses de santé par habitant creusent ces inéga­lités entre la ville et la campagne. Un accès équitable à une prise en charge de qualité et un financement solidaire sont des éléments essentiels à l’extension de la couverture sanitaire.

Ce sont les personnes âgées pouvant difficilement prendre soin d’elles-mêmes en raison de leur état physique ou mental qui ont le plus besoin d’une prise en charge des soins de longue durée; 48 pour cent de la population mondiale vit aujourd’hui dans des pays qui n’offrent pas une telle prise en charge, et les femmes sont touchées de façon disproportion­née.

Si près de la moitié de la population mondiale était couverte par au moins une prestation sociale en 2015 , de nombreux pays ont fortement progressé vers le renforcement de leur système de protection sociale, y compris des socles visant à garantir au minimum un niveau élé­mentaire de sécurité sociale pour tous.

Le niveau global des dépenses publiques allouées à la protection sociale doit être augmenté pour étendre la couverture de la protection sociale, notamment dans les pays africains, asiatiques et dans les Etats arabes où le manque d’investissement en la matière est flagrant.

 En Afrique, malgré les progrès notables accomplis concernant l’extension de la protection sociale, seu­lement 17,8 pour cent de la population reçoit au moins une prestation sociale en espèces, et la couver­ture varie sensiblement d’un pays à l’autre.

Dans la région Amériques, 67,6 pour cent de la po­pulation est effectivement couverte par au moins une prestation en espèces, en grande partie grâce à l’extension, depuis quelques dizaines d’années, des systèmes de protection sociale.

Dans les Etats arabes, l’évaluation de la couverture effective de protection sociale est en partie entravée par l’absence de données. La couverture des régimes de pensions de vieillesse reste limitée : elle attein­drait 27,4 pour cent et ne devrait pas évoluer du fait de la faible part de cotisants actifs (32,9 pour cent) au sein de la main-d’œuvre.

Dans la région de l’Asie et du Pacifique, seulement 38,9 pour cent de la population est réellement cou­verte par au moins une prestation en espèces,

En Europe et en Asie centrale, du fait de systèmes de protection sociale, y compris de socles, relativement complets et matures, 84,1 pour cent de la popula­tion de la région a accès à au moins une prestation sociale en espèces.

Rapport complet en Anglais 

Résumé  en Français

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