Le déficit du commerce extérieur, révélateur des faiblesses de notre économie, dans la mondialisation

Le déficit extérieur de la France s’est encore creusé en 2017, pour atteindre 62,3 milliards d’euros, contre 48,3 milliards d’euros en 2016, selon les chiffres des Douanes.  La hausse des exportations de biens (+4,5% à 473,2 milliards d’euros) n’a pas été suffisante pour compenser celle des importations (+6,8% à 535,5 milliards d’euros).

Plusieurs facteurs expliquent ces mauvais résultats. D’abord la hausse du prix du pétrole, qui a considérablement alourdi la facture énergétique de la France. Les niveaux sont encore loin d’atteindre ceux de 2012, quand le baril de Brent dépassait les 111 dollars. Mais la remontée des cours en 2017, après plusieurs années de baisse, aura coûté 7,5 milliards d’euros supplémentaires à la France. La facture énergétique s’élève à 39 milliards d’euros en 2017, contre 31,5 milliards d’euros en 2016.

L’amélioration ininterrompue entre 2011 et 2015, qui avait permis au déficit commercial de passer de 74,5 milliards d’euros à 45,7 milliards, avait déjà pris fin en 2016, le trou ayant atteint 48,3 milliards. C’est ainsi la reprise économique qui explique une part importante de ces mauvais chiffres pour 2017. Les industriels ont dû augmenter leurs achats de biens intermédiaires pour faire tourner leurs usines et répondre à l’augmentation de la demande. Les importations de produits métallurgiques et métalliques ont notamment bondi de 12,9 %, affichant un déficit commercial de près de 7,5 milliards d’euros. Les ménages ont eux aussi augmenté leurs achats de produits étrangers (smartphone ou écrans de télévision, par exemple).

Dans ce contexte le secteur aéronautique, gros contributeur aux exportations françaises, n’a pas réussi à sauver la balance commerciale en 2017. Au contraire… Le solde commercial reste largement positif, à 17,4 milliards d’euros. Mais recule de plus de 1 milliard d’euros par rapport à l’année 2016. Avec  l’aéronautique, les vins et spiritueux, les parfums et cosmétiques mais aussi la pharmacie sont exportateurs, tandis que  les autres secteurs sont en position de faiblesse, y compris l’agroalimentaire, qui est en train de céder

Les ventes de voitures ont, de leur côté, dépassé les scores des dix dernières années, enregistrant 32,9 milliards d’euros à l’export. Mais la bonne performance de l’industrie automobile, dont les exportations augmentent de 9,5 % en 2017, ne suffisent pas à rattraper le retard. Au total, la balance commerciale de l’industrie manufacturière demeure largement déficitaire de plus de 50,4 milliards d’euros, après un déficit de 43,8 milliards d’euros en 2016. La France représentait 4,7% des exportations mondiales en 2000 et n’en représente plus que 3% en 2017

Les zones géographiques de déséquilibre du commerce extérieur français demeurent inchangées. C’est toujours au sein de l’Union européenne qu’il est le plus important. Les pays de l’Union européenne sont en effet les principaux bénéficiaires de la balance commerciale française. Le déficit à leur égard s’est profondément creusé à 44,9 milliards d’euros, contre 29,9 milliards d’euros en 2016.

60% du déficit commercial de la France…est au bénéfice de l’Allemagne, tandis que la France est dernière de la classe avec le Royaume-Uni au sein de l’UE

Avec le Crédit d’impôt compétitivité et le Pacte de responsabilité, qui ont baissé le coût du travail, nous avons rattrapé la moitié de notre désavantage comparatif p.ar rapport à l’Allemagne, s’accordent à dire les experts. Mais ils notent également qu’il nous faut encore monter en gamme dans ce que nous proposons à nos partenaires.    Les entreprises ont aussi privilégié la reconstitution de leurs marges, plutôt que d’essayer de regagner des marchés à l’export.

 L’investissement dans le numérique, les robots, les nouvelles machines-outils … est indispensable, tout comme dans la transition énergétique et la réduction des énergies fossiles, afin de réduire notre dépendance énergétique

 Par ailleurs nos PME ne sont donc pas suffisamment solides financièrement et, exporter est un risque qu’elles ne sont pas prêtes à prendre, surtout dans une stratégie d’export de long terme.  Le nombre total d’entreprises qui ont exporté en 2017 n’a pas augmenté, à 124 000. C’est seulement 2% de plus qu’en 2007, alors que les exportations ont augmenté de 16% sur cette période. Les exportations restent le fait des 1000 plus grosses entreprises françaises, qui concentrent 70% des ventes

Le gouvernement est bien conscient qu’il ne peut pas rester les bras croisés devant une telle situation. De nombreux plans -en gros, un par nouvel exécutif- ont été présentés ces 15 dernières années pour pallier aux faiblesses du commerce extérieur français. L’accompagnement, en faisant   travailler mieux ensemble les différents acteurs du commerce extérieur, le financement des entreprises et la formation, pour que les PME puissent se doter   d’experts export, restent les trois axes nécessaires d’une action publique qui reste indispensable, mais qui doit s’intégrer dans un renforcement global de notre économie.

Le commerce extérieur reste bien le talon d’Achille de l’économie française, « le point noir de la reprise économique »

La fiche du commerce extérieur 2017

La Douane a choisi de s’associer à la démarche globale d’ouverture des données publiques (Open Data), en rendant accessibles et utilisables par tous certaines de ses données.

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