A la fin de l’année 2017, Londres et Bruxelles étaient parvenus à un accord préliminaire sur les trois questions clés : la facture de sortie, les droits des citoyens européens et la frontière irlandaise mais les compromis se révèlent parfois plein d’ambiguïtés. Des imprécisions qui expliquent pourquoi la nouvelle ébauche juridique de l’accord de retrait a aussitôt été rejetée par Londres.
C’est la partie de la proposition, consacrée à l’Irlande qui a surtout mis les Britanniques en colère.
La frontière entre l’Irlande du Nord (nation constitutive du Royaume-Uni) et la République d’Irlande (pays membre de l’union européenne) est actuellement ouverte, dépourvue de douaniers. Une condition quasi-indispensable pour garantir l’accord, qui avait mis fin en 1998 à trente ans de conflit en Irlande du Nord.
Le maintien de cette ouverture est menacé par la perspective du Brexit : si le Royaume-Uni quittait l’union douanière et le marché unique, la conséquence serait en effet un retour inévitable de contrôles des biens et des personnes à la frontière.
Pour éviter cette situation, Theresa May avait accepté de tout mettre en œuvre pour éviter le retour d’une frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, Mais aucune solution concrète n’a réellement été proposée par elle.
Dans son document, la Commission européenne propose ainsi la mise en place d’un espace règlementaire commun incluant l’UE et l’Irlande du Nord, sans frontières intérieures. Il s’agit d’une proposition si aucune autre solution satisfaisante n’est proposée par le Royaume-Uni
C’est cette proposition qui a mis en colère Theresa May car pour elle, elle menacerait l’intégrité constitutionnelle de son pays .
Le maintien de l’Irlande du Nord dans l’union douanière aurait en effet deux conséquences majeures. D’une part, il reviendrait à une réunification des deux Irlande par les normes. Le journal nord-irlandais Belfast Newsletter considère qu’il s’agirait “du pas le plus important en direction d’une Irlande réunifiée depuis 1921 [date de fin de la guerre d’indépendance]”
Plus important encore, la proposition entrainerait la création d’une frontière douanière et réglementaire en mer d’Irlande, entre l’île d’Irlande et le reste des îles britanniques.
Le DUP, parti nord-irlandais pro-union avec la Grande-Bretagne, allié de Theresa May, et lui garantissant la majorité au Parlement britannique, juge une telle proposition “constitutionnellement inacceptable”, et soutient qu’elle serait “économiquement catastrophique pour l’Irlande du Nord”
A l’inverse, le parti indépendantiste irlandais Sinn Féin a invité le gouvernement à rester mesuré. Le départ du Royaume-Uni de l’union douanière serait incompatible avec le maintien d’une frontière ouverte entre les deux Irlande
Même écho en République d’Irlande, où le Premier ministre rappelle au gouvernement britannique qu’il s’est engagé à ce qu’il n’y ait pas de frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord. Pour lui le refus pur et simple de cette proposition est impossible, sans une alternative !
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