L’amélioration de la situation de l’emploi se confirme, pour l’observatoire de la société. Le retournement a eu lieu début 2015, depuis le taux de chômage a baissé de 10,2 % à 8,6 % selon l’Insee. Le taux de chômage a retrouvé son niveau du début des années 1990. Nous assistons à la quatrième phase de reprise pour l’économie française depuis la crise pétrolière du milieu des années 1970
La principale hausse du chômage a eu lieu entre le milieu des années 1970 et la fin des années 1980. Le nombre de chômeurs passe alors de 700 000 à 2,2 millions, le taux de chômage est multiplié par trois de 3 à 9 % (selon la définition du Bureau international du travail). Depuis, le chômage fluctue autour de ce niveau avec des pics supérieurs à 10 %. Les phases de diminution peuvent être importantes, notamment comme entre 1997 et 2001. Malheureusement, à chaque fois, le chômage remonte au bout de quelques années.
La baisse enregistrée depuis 2015 est significative. Selon l’institut, le nombre de chômeurs a diminué de 400 000 depuis cette période, soit une réduction de 15 %. Le contexte économique mondial s’améliore après une crise financière qui avait eu des répercussions considérables sur l’activité. La prudence s’impose pourtant. Cette embellie ne se traduit guère dans les données de Pôle emploi. Selon l’organisme, le nombre de demandeurs d’emploi (catégories A, B et C) a augmenté de 125 000 en 2017. Si l’on ne prend en compte que la catégorie la plus restrictive (A, ceux qui n’ont eut aucune activité réduite), le nombre de chômeurs est tout juste stabilisé à 3,5 millions.
D’où vient donc cette divergence ? L’Insee utilise la définition du Bureau international du travail selon laquelle il suffit d’avoir travaillé une heure dans la semaine pour ne pas être compté comme chômeur ; le développement de formes très précaires d’emploi fait donc rapidement diminuer leur nombre. Pôle emploi comptabilise les personnes inscrites officiellement dans ses fichiers et ses catégories B et C intègrent des chômeurs qui peuvent avoir travaillé quelques heures au cours du mois précédent. Ses données sont sensibles à des évolutions plus profondes du marché du travail, de long terme (ainsi qu’au régime d’indemnisation).
Il existe, pour le centre d’observation de la société, deux manières de faire baisser durablement le chômage :
– La première consiste à dégrader la norme sociale de l’emploi, en développant des formes très précaires (comme en Allemagne), en réduisant l’indemnisation du chômage (Royaume-Uni) ou en élargissant la notion de handicap (Pays-Bas) : les chômeurs disparaissent des statistiques, transformés en travailleurs flexibles et mal rémunérés.
– La seconde réside dans une croissance forte et durable, ce qu’aucun pays riche n’a réellement réussi à obtenir depuis 40 ans faute de coordination de leurs politiques économiques. Les pays occidentaux, en compétition les uns contre les autres, sont contraints à choisir entre un niveau de chômage élevé ou une très forte précarité, source d’inégalités de niveau de vie et de pauvreté. Dans les deux cas les tensions sociales sont vives.
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