«Normal», «compétent», «légitime»…: des candidats «étiquetés», pourquoi faire ?

Les mots permettent de communiquer, de créer des images. En qualifiant, un candidat on espère susciter une adhésion. C’est aussi un moyen, par son contraire, de disqualifier implicitement les adversaires : en qualifiant un candidat de « normal », de « compétent »… c’est dire qu’il y en a d’autres  "anormal", "incompétent"… Ces qualificatifs, s’ils sont pertinents pour la communication, sont parfois dangereux, car par le « raccourci » qu’ils représentent, peuvent provoquer des interprétations, éloignées du sens que l’on voulait leur donner.

Candidat « normal », en utilisant ce mot, François Hollande a surtout voulu se présenter comme «l’inverse de Sarkozy », de son agitation, de son coté bling bling, de sa prétention à vouloir tout


régenter… . Ce faisant il donne prise à la banalisation de sa candidature, à l’immobilisme. Le candidat « normal » ne doit pas devenir celui de la « pensée unique », du « radicalisme mou », de celui qui ne décide rien pour contenter tout le monde…..à l’image de Jacques Chirac, justement venu le « soutenir en Corrèze ».

La référence à la norme est toujours délicate, car dans une société, on exclut vite ceux qui ne sont pas dans la «norme» !

« Compétent », comme l’a dit Laurent Fabius à propos de Martine Aubry, peut générer les mêmes ambigüités : peut-on imaginer des candidats « non compétents » choisis par les électeurs ? On peut le penser, mais le choix démocratique prouve que ce n’est pas le cas, et ce serait finalement douter des procédures démocratiques que de le penser. En 2007, certains qui n’acceptaient pas le choix de Ségolène Royal dénonçaient son « incompétence » : elle avait pourtant été désignée, au terme d’une procédure démocratique, contre des candidats comme Fabius ou Strauss Kahn, perçus comme particulièrement compétents.

« Compétence », c’est la capacité à remplir une fonction…. Et en politique c’est le peuple qui le décide, et lui seul. Ne confondons pas la compétence avec la qualification ou le diplôme.

Souvent la compétence est confondue avec l’expérience : un excellent moyen d’éliminer les nouveaux venus ! Et ceci pas seulement du point de vue de l’âge : En 1981, la droite n’hésitait pas à juger « incompétents » bon nombre de nouveaux élus socialistes désignés par les électeurs !

« Légitime » : dans les primaires qui se préparent, certains seraient plus « légitimes » que d’autres ! Mais sur quel critère : avoir été Ministre, avoir été ou être premier secrétaire, …on pourrait ajouter « avoir été candidat aux Présidentielles »… La encore derrière le qualificatif il y a plus l’idée d’éliminer d’autres candidats que d’argumenter vraiment.

« compétent », « normal », « légitime »… autant de raccourcis, de qualificatifs qui peuvent se retourner contre ceux que l’on qualifie dans le débat démocratique : cela procède d’un jugement implicite, que les électeurs ne veulent pas s’il n’est pas explicité : les citoyens veulent juger par eux-mêmes sur la base d’arguments, de « preuves », pas sur la base de qualificatifs ou de petites phrases, jetés en pâture aux médias !

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