Une vraie politique d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation requiert un minimum de cohérence et ce n’est pas avec des effets d’annonce qu’on prépare l’avenir. Valérie Pécresse ne peut pas continuer de vanter des investissements d’excellence à coups de milliards mal identifiés du grand emprunt et, dans le même temps, contraindre le budget des grands organismes de recherche français. Jongler avec les milliards ne doit pas cacher la réalité des moyens plus immédiats retirés aux organismes.
La réalité, c’est par exemple que la dotation allouée au CNRS, déduction faite des pensions de retraite, est en forte baisse en 2011. La réalité, c’est que le CNRS ne sera pas en mesure de lancer cette année son habituelle campagne nationale de bourses de doctorants (BDI), faute de moyens suffisants. La réalité, c’est donc que le CNRS est contraint de se retourner vers les Régions pour solliciter des financements, l’année même où celles-ci ont vu leurs ressources plafonnées par l’Etat.
Les décisions de la ministre et la pression exercée sur le CNRS, organisme qui doit rester un acteur de tout premier plan au niveau mondial, sont très dangereuses. Les doctorants ne sont-ils pas un moyen efficace de pallier une défaillance trop souvent reconnue de l’économie française, en rapprochant le monde de la recherche et celui de l’entreprise ? Nos PME innovantes auxquelles on reproche trop souvent leur petite taille, ne trouveront la clé de leur développement que dans le recrutement des doctorants et ingénieurs familiers de la recherche. Ainsi, affaiblir la dotation du CNRS, c’est hypothéquer la véritable excellence de demain.
Les Régions françaises le regrettent, mais elles ne peuvent pas assumer seules toutes les carences de l’Etat, qui doit prendre ses responsabilités et préserver l’avenir. Il n’est pas de leurs compétences de financer seules les allocations doctorales du CNRS et elles souhaitent que des correctifs budgétaires soient apportés, afin qu’il puisse lancer la campagne BDI de 2011. En somme, elles demandent tout simplement que la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche mette ses actes en conformité avec son discours.
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