Reporters sans frontières a publié son rapport annuel sur la liberté de la presse : la Norvège y occupe toujours la 1ere place.
La France progresse depuis 2017 ou elle était 39eme ; en 2018 elle passe en 33eme position pour être 32eme en 2019 mais paradoxalement ce n’est pas grâce au travail de l’opposition, ou Mélenchon et Wauquiez sont pointés du doigt. “Une remontée partiellement ‘mécanique’ après la chute exceptionnelle de certains de ses voisins européens”, note l’association
L’ONG constate néanmoins, pour la France une haine croissante contre les journalistes. L’année 2018 a vu le nombre des attaques et des pressions contre les médias d’information et contre les journalistes croître dangereusement. Insultés, menacés, agressés, voire blessés par des manifestants ou par les balles de défense des forces de l’ordre, des journalistes ont été confrontés pendant le mouvement des Gilets jaunes en novembre 2018 à un niveau de violence inédit en France. Mécontents de la couverture du mouvement, certains groupes de Gilets jaunes ont cherché à bloquer des imprimeries pour empêcher la distribution de médias.
Adoptée en juin 2018, la loi sur le secret des affaires a prévu une exception journalistique. Néanmoins, dans l’enquête des “Implants files”, des journalistes se sont vus refuser l’accès à des documents. Le groupe Bolloré a multiplié les procédures judiciaires abusives, dites « procédures bâillons » – quitte à les abandonner en cours de route – et en a fait une mesure de rétorsion automatique contre les journalistes d’investigation dès lors qu’étaient évoquées publiquement certaines de ses activités.
Si la critique des médias est toujours légitime, elle a parfois été supplantée par la mise en cause haineuse du travail des médias d’information (mediabashing) de la part de personnalités politiques. En témoignent les propos irresponsables tenus à plusieurs reprises par le leader de la France insoumise à l’égard des journalistes quand il écrivait par exemple : ‘la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine'”. Elle dénonce aussi son soutien à une déclaration du leader des Républicains qui a évoqué le “bullshit médiatique”.
En France aussi, les journalistes n’échappent pas au harcèlement en ligne et deviennent une cible privilégiée des trolls en tout genre dissimulés derrière leurs écrans et leurs pseudos.
Pour lutter contre la désinformation massive et délibérée en période électorale, le gouvernement a fait voter une loi sur les « manipulations de l’information ». Certains mécanismes comme le référé judiciaire ont été largement critiqués car extrêmement difficiles à mettre en pratique, et le cas échéant contre-productifs.
L’association estime que ce climat délétère envers la presse sape l’un des fondements essentiels des démocraties. “Ceux qui récusent la légitimité des journalistes jouent avec un feu politique extrêmement dangereux. Les démocraties ne meurent pas que par des coups d’Etat mais elles peuvent mourir aussi à petit feu, et l’une des premières bûches c’est généralement la haine envers les journalistes”, prévient Christophe Deloire, son directeur général.
A noter à cette occasion les 10 propositions de l’ONG à l’occasion des élections européennes
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